Dérapages n Incitation au terrorisme, haine raciale, plagiat. Ce sont quelques-unes des pratiques que permettent les technologies de l'information, notamment l'Internet. Ce terme a été inventé à la fin des années 90, alors qu'Internet se répandait à travers l'Amérique du Nord. De même que des personnes sans foi ni loi faisaient exploser des bombes à distance par le biais de téléphones portables munis de puces anonymes, d'autres, profitant de l'essor pris par l'Internet, ont préféré utiliser ce moyen dans le but d'atteindre des desseins inavoués. «Cela semble une fatalité. Il s'en trouvera toujours des personnes pour utiliser les progrès scientifiques dans le sens négatif. Voyez par exemple l'énergie nucléaire. Si on l'utilisait à des fins pacifiques, cela ne pourrait assurément que profiter à l'humanité et l'aider à aller de l'avant. Mais des pays (les plus grands de ce monde bien sûr) l'accaparent et ne l'utilisent qu'à des fins militaires, menaçant quiconque voudrait entrer dans leur cercle restreint», nous dira un jeune étudiant rencontré à la faculté d'Alger. Les nouveaux types de criminalité encouragés par Internet étaient si dangereux qu'un sous-groupe du G8 (au sein duquel il y a les pays les plus industrialisés de la planète) a décidé de se réunir dans le but de tenter de trouver les voies et moyens les plus à même de faire face à cette menace persistante. Tout le monde s'accorde à dire que la cybercriminalité se caractérise par deux aspects. Il y a d'abord le nouveau crime consistant à pirater, s'introduire ou espionner les systèmes informatiques d'autres personnes ou organisations. Viennent ensuite les tentatives d'escroquerie, notamment les arnaques commerciales et les détournements d'argent. D'aucuns estiment que les colossales sommes d'argent volées des banques et dont la presse se fait presque quotidiennement l'écho sont justement dues à ce type d'escroquerie. Pour étayer leurs dires, nos interlocuteurs nous donneront l'exemple d'un mathématicien âgé de 58 ans, arrêté par la police grecque pour avoir causé au constructeur aéronautique français Dassault un préjudice de 361 millions de dollars. Cet homme a réussi à entrer dans le système informatique de ce constructeur et voler différentes informations hautement confidentielles touchant aux dispositifs d'armement conçus par Dassault. Une fois en possession de ces précieuses informations, ce mathématicien les revendait sur Internet. S'agissant de l'Algérie, les bases légales servant à la répression de la cybercriminalité et ses nouvelles formes de délinquance existent depuis 2004. Une loi (n°04-15) répartit les crimes en quatre grandes catégories : les crimes portant atteinte à la confidentialité, l'intégrité et la sécurité des données du système, la fraude informatique et atteinte aux données, les crimes relatifs à la recherche, la collecte, la détention, la diffusion et le commerce des données et, enfin, les crimes portant atteinte aux droits d'auteur et aux droits voisins. Lors d'une journée d'étude sur la cybercriminalité, organisée il y a quelques mois à Alger, on a laissé entendre qu'une loi condamnant ce phénomène était prête et qu'elle devait être discutée en Conseil des ministres. Les sanctions prévues iraient de l'amende à la prison à vie.