Mesures n Face à la flambée mondiale des céréales et le renchérissement des intrants, le gouvernement va désormais jouer la carte de la production nationale sans demander pour autant un centime au consommateur. Soucieux pour sa fragile sécurité alimentaire, l'Etat fait une proposition alléchante aux agriculteurs nationaux : leur acheter la production des céréales au double de leur prix, voire plus, mais à une seule condition. Ces derniers n'auront leurs subventions qu'une fois la récolte assurée et jamais avant. «Pour avoir de l'argent, le fellah doit présenter sa production. Condition sine qua non pour éviter les dérives du passé et booster un peu mieux la production céréalière», a justifié le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, hier, lors de son point de presse hebdomadaire au CIP. Dorénavant, estime-t-il, le prix d'achat du quintal du blé dur passera de 2 100 DA à 4 500 DA. Celui du blé tendre de 1 950 DA à 3 500 DA alors que celui de l'orge connaîtra un bond de 1 000 DA en passant de 1 500 DA à 2 500 DA. Ces augmentations qui sont de nature à «encourager la production nationale, l'investissement dans la céréaliculture et la bonne exploitation des terres arables» n'auront des effets induits ni sur les transformateurs qui ont l'habitude de s'approvisionner auprès de l'Oaic ni sur les consommateurs. «Le prix de cession de l'Oaic et celui de la consommation ne seront pas touchés. L'Etat, en payant la différence, veillera toujours à préserver le pouvoir d'achat de ses citoyens», rassure le ministre. Pour preuve, une fois achetée, la récolte céréalière sera vendue aux transformateurs et aux consommateurs directs dans une fourchette acceptable : 2 280 DA le quintal pour le blé dur, 1 258 DA le quintal pour le blé tendre et 1 550 DA le quintal pour l'orge. L'octroi de ces subventions au profit des agriculteurs qui se faisait par le passé avant la moisson, a débouché, de l'avis du ministre, sur «des dérives et des tricheries qui ont influé négativement sur les rendements annuels». De telles mesures n'excluent toutefois pas d'autres approches à l'avenir. «Je ne dis pas que c'est la meilleure solution pour régler définitivement le problème des céréales en Algérie. Nous verrons ce qui adviendra dans une année et s'il faut apporter des correctifs, nous les apporterons», répond M. Boukerzaza à la question de savoir si cette nouvelle politique de subventions serait la bonne ou au contraire, ne ferait que conforter les spéculateurs dans leur position comme cela fut le cas avec l'épisode de la subvention de la pomme de terre. Le ministre évoque aussi l'option d'évaluation «dans une ou deux années» pour parler du risque de voir un grand nombre d'agriculteurs abandonner l'arboriculture et d'autres segments de l'agriculture pour se consacrer uniquement à la céréaliculture, rien que pour bénéficier de ces subventions.