Nostalgie n Disparu en 2000 pour «raisons sécuritaires», le Tour d'Algérie n'a plus repris la route. Des spécialistes exhortent les pouvoirs publics à le relancer pour stimuler une culture du vélo en nette perte de vitesse. Qui se souvient de Cycma ? Avec ses 480 machines, l'entreprise de cycles, de motocycles et de voiturettes pour handicapés, située à Guelma, dans l'Est du pays et qui fait travailler plus de 1 000 personnes, est aujourd'hui au bord de l'asphyxie. Pour l'anecdote, la direction n'ayant pas d'argent pour assurer les salaires faute d'un plan de charge conséquent, paie ses salariés avec des …. vélos qu'ils sont obligés de revendre au marché parallèle pour disposer ensuite de liquidités. A lui seul, cet exemple illustre l'agonie non pas uniquement d'une industrie ou d'un marché jadis florissant mais surtout d'une culture. «La culture du vélo tend à disparaître surtout dans les grands centres urbains et leurs périphéries. Heureusement qu'à l'intérieur du pays, le vélo et la moto ont toujours droit de cité, dans la mesure où ils constituent un moyen de locomotion par excellence», reconnaît Braham Beggar, cycliste de renom durant les années 60 et 70 et ancien membre de la Fédération algérienne de cyclisme (FAC). Mais pourquoi, la petite reine, naguère auréolée d'un faste majestueux, a perdu aujourd'hui ses galons ? Notre spécialiste met beaucoup de monde au box des accusés, à commencer par les pouvoirs publics qui, à ses yeux, «ne font rien pour que la pratique du vélo devienne une vraie culture». «Vous voyez bien qu'à Alger, il n'y a pas la moindre piste cyclable. Où voulez-vous que les personnes qui ont des vélos et qui aiment faire des randonnées aillent se procurer ce plaisir. Il est certain qu'ils ne s'aventureront jamais à faire leurs preuves aux côtés des automobilistes sur les autoroutes, connaissant les multiples risques qu'ils peuvent encourir», renchérit-il. Notre interlocuteur reconnaît que la «cohabitation» entre les engins motorisés et les deux roues est difficile à réaliser tant les deux peuvent s'accuser mutuellement. En effet, et selon sa propre lecture, «les automobilistes accusent les cyclistes d'être des intrus encombrants au moment où ces derniers imputent aux premiers le tort de trop appuyer sur le champignon». L'urbanisation effrénée et les encombrements dans les chemins de wilayas et les chemins vicinaux sont à mettre aussi dans ce même registre. «Les vastes prairies où l'on pouvait faire du cross et du moutain bike sont aujourd'hui dévastées par le béton et même dans les centres urbains, il n'y a pratiquement aucun centimètre carré laissé aux amoureux du vélo.» «Par le passé, on pouvait aller jusqu'à Hammam Melouane en vélo. Assis sur sa selle, on pouvait aussi contempler la nature et la belle fresque de la Mitidja et revenir le soir à la maison, les poumons admirablement bien oxygénés. Mais ces milliers de véhicules qui sillonnent quotidiennement nos artères, dissuadent évidemment pas mal de téméraires», expliquera-t-il encore. Pour lui, la culture du vélo doit être une affaire d'Etat : «Il faudra penser à vulgariser la pratique et à rendre le vélo accessible à tous. On aura à dépenser moins en carburant, moins en déplacements et la facture de la pollution sera bien moindre», assène-t-il. Mohamed Saf, un des organisateurs du 1er Salon des deux roues, lui emboîte le pas, et va même jusqu'à dire que «la facture des médicaments serait moins lourde si tout le monde se mettait sur selle».