Loi n La législation actuelle stipule que le prélèvement d'organes ne peut se faire qu'à partir des donneurs apparentés : ascendants, descendants et collatéraux. Les spécialistes estiment que ce cercle est «trop étroit et n'est nullement en mesure de répondre à un important besoin de santé publique». Le SG de la société algérienne de néphrologie appelle ainsi à l'élargissement du cercle des donneurs qui constituent, selon lui, une nécessité pour la prise en charge des malades sur l'ensemble du territoire national. «Pourquoi ne pas étendre ce cercle aux cousins, entre conjoints et beaux-parents, grands-parents, oncles et tantes, cousins germains et généraliser le prélèvement cadavérique ?», s'interroge le Pr Rayane. Cette «restriction» juridique contraint certains malades à aller se soigner en Europe, notamment en France, après avoir obtenu l'aval d'un cousin, d'un grand-parent ou du conjoint de leur donner l'organe dont il a besoin. En Tunisie, les donneurs altruistes (non apparentés) représentent une importante partie de l'ensemble des donneurs d'organes et cela a contribué, selon les conférenciers, à sauver la vie de centaines de malades. Les transactions qui se font dans le dos des médecins constituent le gros problème des donneurs non apparentés, a souligné, pour sa part, le docteur Mohamed Benabadji, néphrologue. Il y a, en effet, des gens qui se présentent volontairement pour donner un organe à un «ami», mais en réalité le don s'est fait en contrepartie d'une somme d'argent. Mais comment asseoir un cadre juridique favorable aux donneurs non apparentés et éviter, en même temps, ce problème d'éthique médicale ? Pour le secrétaire général de la société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation, notre pays peut tirer des enseignements de l'expérience iranienne en la matière. «En Iran, c'est l'Etat qui s'occupe de l'opération. Il y a des gens qui donnent leurs organes, mais sans savoir à quel malade ces organes seront greffés. L'Etat offre, en contrepartie, des récompenses à ces donneurs. De cette façon, le respect de l'éthique médicale est garanti et le malade guérit. Je crois que c'est le meilleur exemple que puisse suivre notre pays», a-t-il expliqué. Pour ce néphrologue, ayant participé à la première greffe rénale réalisée à l'hôpital Mustapha-Pacha en 1986, l'Etat doit assouplir le dispositif juridique actuel qui représente l'un des principaux obstacles pour une bonne prise en charge des malades, en majorité jeunes et qu'une transplantation d'organes est en mesure de guérir. Les spécialistes affirment qu'il est possible de prélever des organes aussi bien sur les jeunes que les moins jeunes. «On peut prélever le rein, le foie et la cornée même sur une personne de soixante-dix ans et les expériences ont prouvé la réussite de la transplantation de ces organes. Seul le prélèvement du cœur doit être fait, de préférence, sur des personnes ayant moins de 60 ans et ce, à titre préventif», explique le Dr Benabadji.