Caractéristique n Il a adopté un ton présidentiel pour sa première conférence de presse depuis son élection, mais il a conservé le flegme qui lui a si bien réussi durant la campagne électorale. En montant, hier, à la tribune de la salle de bals de l'hôtel Hilton de Chicago, le Président élu a paru un peu surpris de voir se lever les journalistes, un usage réservé habituellement aux chefs d'Etat. Son directeur de campagne, Robert Gibbs, a fait malicieusement observer : «Il va falloir qu'il s'y habitue...», après avoir fait remarquer : «Vous étiez assis à côté de lui dans l'avion pendant des mois»... Le prochain chef d'Etat s'est exprimé debout derrière un pupitre portant la mention : Bureau du président élu. La tribune était pavoisée d'une dizaine de drapeaux américains. Derrière lui, se tenait au garde-à-vous son équipe, composée de 16 conseillers économiques, parmi lesquels figurent de grands noms des administrations précédentes : les anciens secrétaires au Trésor de Bill Clinton, Lawrence Summers et Robert Rubin, ainsi que l'ancien patron de la Réserve fédérale, Paul Volcker. En une vingtaine de minutes, le nouvel élu a passé en revue les principales difficultés économiques auxquelles il sera confronté lors de sa prise de fonction le 20 janvier prochain. Il s'est placé sous l'égide de ses prédécesseurs, Abraham Lincoln et Franklin Roosevelt, arrivés au pouvoir, comme lui, dans des périodes troublées. «Leur histoire nous rappelle de façon urgente que nous sommes confrontés au plus grand défi de notre temps en matière économique. Nous allons devoir agir rapidement pour résoudre la crise», a-t-il lancé. Les réponses étaient concises et le futur Président était visiblement conscient que ses paroles avaient désormais beaucoup plus de poids que durant ses 21 mois de campagne. Interrogé sur la lettre de félicitations que lui a adressée le Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, M. Obama a recouru à la langue de bois qui sied à sa future fonction : «Je vais étudier la lettre du président Ahmadinejad et je vais y répondre de façon appropriée», a-t-il dit. Il s'est bien gardé de répondre en détail à une question sur le contenu des rapports quotidiens que lui remet la CIA. «Je ne suis pas le Président», a-t-il cru bon de rappeler, comme pour assurer indirectement qu'il n'empiéterait pas sur les prérogatives du sortant, George W. Bush jusqu'à sa prise de fonctions officielle. Durant sa campagne, Barack Obama a séduit les électeurs par son style détendu, qui l'a fait paraître rassurant en période d'incertitude économique face à un John McCain dont la réaction a semblé brouillonne. Hier, le vainqueur de la présidentielle a continué dans cette voie en refusant toute précipitation dans la désignation de son équipe. L'humour n'était pas absent de la première conférence de presse de l'Obama présidentiel. Comme on lui demandait s'il avait pris contact avec d'anciens Présidents, il a confié qu'il l'avait fait avec tous ceux «qui sont encore en vie». «Je ne fais pas de séances de spiritisme à la Nancy Reagan», a-t-il soufflé, à propos de l'épouse de l'ancien Président, connue pour avoir tenté d'entrer en contact avec les morts depuis la Maison-Blanche. «Il a, par la suite, téléphoné à Nancy Reagan pour s'excuser pour la remarque cavalière et négligente qu'il a faite durant la conférence de presse», a indiqué sa porte-parole.