Indifférence n Les locataires de l'immeuble n° 9 de la rue Jean-Jaurès à Bab El-Oued, classé dans la catégorie rouge depuis les inondations de novembre 2001, n'ont cessé d'alerter les pouvoirs publics du danger qui les guettait. «Nous avons fait des rapports et nous les avons transmis aux responsables qui ont fait la sourde oreille», indiquent-ils. Pis encore, le propriétaire de l'immeuble a procédé récemment à des travaux dont l'effet a été de fragiliser davantage la construction. Les rescapés ont beaucoup insisté sur le fait que la mort de leur voisin Mourad n'était pas une fatalité. Selon eux, le wali délégué, qui a été interpellé à maintes reprises sur l'imminence de la catastrophe, n'a même pas daigné les recevoir. «D'ailleurs, il n'a pas jugé utile de se déplacer aujourd'hui pour constater les résultats de sa négligence», lance Salim, encore sous le choc quelques instants après l'effondrement d'un plancher au niveau de l'immeuble en question. Les habitants ont aussi affirmé qu'un litige les opposait au propriétaire depuis 1987 au sujet de la dégradation de l'état de l'immeuble. La justice l'a condamné à effectuer les réparations nécessaires, mais la classification de l'immeuble dans la catégorie rouge en 2001 a rendu inutile l'exécution du verdict. Le wali délégué de Bab El-Oued, Saïd Meziane, qui a brillé par son absence le jour du drame, a fini par sortir de sa réserve en déclarant, dans un organe de la presse nationale, «être un responsable et non un coupable». Pour lui, la responsabilité de ce drame incombe au propriétaire de l'immeuble. «Pourquoi ne s'en sont-ils pas pris au propriétaire de l'immeuble qui est, à mes yeux, le vrai coupable. Cela fait trois ans qu'il était avisé de la situation de l'immeuble. Non seulement, il n'a pas daigné réagir, mais en plus, il a déstabilisé la structure au niveau de la terrasse en enlevant la verrière. Nous avons des photos qui le prouvent», a précisé ce responsable. Il a déclaré également que l'opération de relogement des familles de cet immeuble devait intervenir une semaine avant la catastrophe. «On devait les reloger la semaine écoulée, mais des imprévus nous ont contraints de reporter l'opération de quelques jours. Je vous assure que c'est toute la vérité», a-t-il dit. Mais malheureusement ces «imprévus» ont fait une victime parmi les locataires de ce bâtiment. Se sentant coupables de cette énième catastrophe qui a frappé la population de Bab El-Oued, les pouvoirs publics ont vite réagi afin de contenir la colère des citoyens. Les quatorze familles habitant l'immeuble effondré ont été relogées le soir même après avoir perdu un des leurs, Mourad. Le lendemain, 42 autres familles ont été également évacuées vers des logements à Saoula. Selon nos informations, cette série de relogements a concerné, dans un premier temps, les familles vivant dans des habitations classées rouges et menaçant ruine.