Harmonie n Une exposition de peinture se tient depuis hier, dimanche, à la galerie Baya du Palais de la culture. L'exposition, qui entre dans le cadre de la 5e saison culturelle italienne à Alger, regroupe des artistes maghrébins – marocains, algériens et tunisiens – vivant en Italie. L'échantillon qu'elle propose est significatif et représentatif de l'imaginaire et de l'esthétique maghrébins, le tout ancré dans une méditerranéité située au confluent des habitudes culturelles et des choix artistiques des pays riverains. Des artistes – comme Hedi Turki ou Brahim Dahak, Noureddine Khayachi, Asma M'Naouar…(Tunisie) ou comme Nja Mahdaoui, Abdelkader Houamel, Brahim Achir, Hadjira Preure, Amor Dekjis… (Algérie), ou encore comme Djilali Gharbaoui, Farid Balkahia, Mohamed Melehi, Abdellah El Hariri… (Maroc) – qui ont étudié l'art et se sont installés en Italie. Pétris par l'environnement culturel originel et la formation acquise au cours de leur apprentissage dans leurs pays respectifs, ces artistes ont eu connaissance de la pratique artistique, telle qu'elle se fait en Europe, ils se sont frottés à la culture occidentale, en assimilant une formation nouvelle en matière d'art. À l'éducation et à la connaissance première ou «maternelle», est venu s'associer dans des correspondances complémentaires et constructives un autre savoir et une façon de faire quant à la création et à la poétique picturale. Ainsi, de ce mélange, voire de ce métissage, ces artistes ont instantanément donné une manière et une vision nouvelle et moderne de l'art et constituent, d'emblée, une passerelle entre l'art occidental et l'exercice artistique, tel qu'il se fait dans le Maghreb. Ils représentent le renouveau, un souffle nouveau permettant de redéfinir d'une manière créative et féconde le champ pictural maghrébin. La singularité de ces œuvres consiste à représenter au sein d'une même peinture l'empreinte, donc l'identité, voire la légitimité maghrébine, et ce, à travers un imaginaire marqué par l'attachement des artistes à leur culture arabo-berbère, et à représenter également leur culture d'adoption, celle acquise en Italie et intégrée à leur façon d'être et de faire. Ces artistes ont su alors interpréter avec autant de recherche, de poésie et d'inventivité, tantôt dans un style figuratif, tantôt dans un style abstrait, leurs racines arabes et berbères dans des œuvres aussi pleines de fantaisie que de beauté. Elles sont originales, séduisantes et pertinentes. Nja Mahdaoui s'illustre avec de belles calligraphies inspirées de la tradition arabe, des calligraphies présentées dans un style moderne, novateur, alors qu'Abdelkader Houamel s'inspire des coutumes et du folklore chaouis pour peindre une bédouine avec ses atours rituels et chatoyants ou pour faire une peinture morte où se mêlent, dans une belle harmonie de formes et de couleurs, fruits et bijoux berbères, tandis qu'Abdellah El-Hariri s'emploie, contrairement aux autres, à puiser, avec autant d'énergie que d'émotion, son inspiration dans l'abstrait. l S'inscrivant dans un plus large projet, celui de la manifestation «Convergences méditerranéennes», initiée par l'Italie dans le but d'approfondir la connaissance des échanges culturels intenses qui existent entre l'Italie et les pays de la rive méridionale de la Méditerranée, l'exposition, riche d'une cinquantaine d'œuvres, accorde, selon les organisateurs, «une légitime importance aux maîtres italiens, de Morses et Nello Levy à Antonio Corpora, protagonistes de l'art italien de la période entre les deux guerres et après la Seconde Guerre mondiale, qui ont tiré, de la lumière et du patrimoine visuel de la rive méridionale du mare nostrum, les éléments saillants et caractéristiques de leur peinture». L'exposition est complétée par quelques œuvres de grands maîtres italiens qui ont été les professeurs ou les compagnons de route de jeunes artistes maghrébins installés en Italie, de Carla Accardi à Agostino Bonalumi. Ouverte au public jusqu'au 4 janvier 2009, l'exposition itinérante, qui a débuté en Italie, s'est tenue en Tunisie en novembre dernier et se tiendra au Maroc en janvier et février 2009.