Résumé de la 2e partie n Le buffle et l'éléphant décident de s'affronter à la place du marché, comme l'a ordonné le chef, mais à mi-chemin, le buffle s'arrête et attend son adversaire... Buffle laisse passer le singe, mais ne suit pas son conseil. Là où il est, il restera. Il arrête la biche, le zèbre, le sanglier ; personne n'a vu l'éléphant. C'est alors que, du fond de la brousse, monte un barrissement puissant. Et peu après, sur le chemin, débouche Eléphant, en grande forme. Il est passé à travers bois, histoire de se préparer au combat. Piétiner les buissons, déraciner quelques arbres, rien de tel pour vous échauffer. Mais là, sur la route du village, ce qu'il voit l'échauffe davantage. Buffle en travers du chemin, qui lui barre le passage ! — Allez, secoue ton lard, et file sur la grand-place ! dit Eléphant entre ses dents. C'est là-bas qu'on nous attend. Mais Buffle n'apprécie pas qu'on lui parle sur ce ton. Il ne bouge pas d'un poil, et jette à l'autre un regard mauvais. — Enfin, tu vas te remuer un peu, mufle plat ? dit l'éléphant. — Essaie donc de me remuer toi-même, pif d'anguille! dit le buffle. Alors le singe, qui a tout vu, leur crie de sa voix aiguë. — Oh, non, non, non, non ! Pas de bagarre ici ! Le chef a dit : sur la place du marché ! Peine perdue. Le baroud commence, et cette fois ce n'est pas un champ de sorgho qui tourne au champ de bataille, mais deux, mais dix, et autant de champs de mil, plus deux ou trois cases pour faire bonne mesure. Les villageois, terrorisés, s'écartent à distance respectable, et regardent avec horreur leurs récoltes mûres redevenir labours. Les anciens du village, alertés, refusent d'en croire leurs yeux. Désobéir au chef ? C'est impensable, inimaginable. Ils appellent le singe à grands gestes. — Singe, toi qui cours vite, va prévenir le chef ! File ! Va le prévenir de qui se passe. Singe s'élance. Il a tout vu depuis le début, il pourra donc tout raconter. Il court, bondit d'arbre en arbre, se balance de branche en branche en poussant des cris perçants. Il s'arrête un instant pour reprendre son souffle et tout à coup se gratte la tête. Mais ?! Où court-il comme ça, au fait ? Pourquoi est-il si pressé ? Il n'en a plus la moindre idée. Comme il arrive souvent aux singes, à se balancer la tête en bas, il a soudain perdu la mémoire et ne se souvient plus de rien. — Voyons, voyons... C'était urgent... Mais de quoi s'agissait-il ? De quoi, de qui, pour quoi, pour qui ? Comme toujours en pareil cas, le mieux est encore de danser. — Choubidou-bi, choubidou-ba ! chante Singe en se prenant la queue. Et comme toujours en pareil cas, la mémoire lui revient d'un coup. Ah, voilà ! Buffle et Eléphant, prévenir le grand chef... — Youpii ! Scoubidou-bi, scoubidou-ba ! Singe est tellement content d'avoir retrouvé le fil de ses idées qu'il part comme une flèche pour être sûr de ne plus oublier. Hélas, le temps d'arriver, et le contenu de sa tête s'est une fois de plus envolé. (à suivre...)