Résumé de la 6e partie n Convaincu que sa sœur est enceinte, Aubépin décide de l'abandonner dans la forêt où elle rencontre un cavalier qui va l'aider... Eh bien, dit le vieillard, voilà comment tu vas procéder. Tu iras au marché acheter une grande quantité de viande et tu la saleras abondamment. Donne-la à manger à cette femme, jusqu'à ce qu'elle en soit rassasiée. Elle aura soif. Refuse-lui toute eau pendant trois jours. Le quatrième prends-la, pends-la par les pieds à la plus haute poutre du toit. Par terre, juste au-dessous d'elle, pose un grand plat de bois, empli d'eau. Puis tiens un couteau d'une main et une badine de l'autre. A l'aide de la badine agite l'eau, de façon qu'on l'entende glouglouter, puis tiens ton couteau ouvert et attends. L'homme fit comme le sage avait dit. Il acheta la viande ; la sala, la grilla, puis la donna à la jeune fille, qui en mangea jusqu'à n'en plus pouvoir. Une soif intense s'empara d'elle, elle demanda, en vain, à boire pendant trois jours. Le quatrième le cavalier la pendit par les pieds, emplit d'eau un plat de bois, qu'il plaça juste au-dessous d'elle, puis, à l'aide d'une badine, se mit à donner de petits coups dans l'eau. Le bruit cristallin et frais se répandait dans toute la pièce. Les serpents, altérés, commencèrent à mener un grand vacarme ; ils cherchaient tous à se précipiter vers le bas, pour boire. A mesure qu'ils apparaissaient, un bref coup de couteau les tailladait ; les morceaux palpitants tombaient dans le plat avec un bruit flasque. Quand le dernier fut sorti, le cavalier détacha la jeune fille, qui n'en pouvait plus. Pendant plusieurs jours encore il s'occupa de la soigner, car le long séjour des serpents dans son ventre l'avait vidée de toute force. Au bout de quelques jours, voyant qu'elle était remise, il lui demanda : — Maintenant que te voilà rétablie, que veux-tu faire ? Veux-tu retourner dans ton pays ou préfères-tu rester ici ? — Dans mon pays ? dit-elle. Je n'en ai plus : mon frère et sa femme m'ont abandonnée dans la forêt. — Dans ce cas, dit le cavalier, veux-tu m'épouser ? La jeune fille, heureuse d'avoir été tout à la fois sauvée des bêtes et débarrassée des serpents qui vivaient dans son ventre, y consentit. Elle épousa le cavalier et ils vécurent heureux plusieurs mois. Puis elle mit au monde un garçon, qui lui ressemblait à s'y méprendre. — Quel nom lui donnerons-nous ? lui demanda son mari. — J'ai appelé mon frère Aubépin parce qu'il est né parmi les aubépines. Celui-ci, nous allons l'appeler «l'Argenté», parce qu'il naît dans la richesse. Les années passaient et, quoiqu'elle n'entendît plus parler d'Aubépin et de sa femme, par moments un violent désir de les revoir la prenait, son frère surtout, parce qu'elle avait passé toute sa vie avec lui et qu'elle n'était pas sûre qu'avec son épouse il fût entièrement heureux. Son enfant, entre-temps, avait grandi. Il sortait maintenant tous les jours sur la place pour jouer avec les camarades de son âge. Il était vigoureux et beau et il ne manquait de rien. Un jour, pourtant, sa mère le vit revenir à la maison tout en larmes. — Pourquoi pleures-tu ? lui demanda-t-elle. — Les enfants se moquent de moi, dit-il. Ils parlent tous de leurs oncles maternels ; ils disent qu'ils vont leur rendre visite, et moi, tu ne m'y as jamais emmené. (à suivre...)