Expression n La démarche de Margarita Garces n'est pas uniquement thématique, elle est aussi plastique. Il y a une recherche permanente d'une esthétique. Une trentaine de peintures (21 toiles abstraites et 10 petits tableaux de collage sur papier) de la plasticienne chilienne Margarita Garces sont accrochés sur les cimaises de la galerie d'art Mohamed-Racim. L'exposition, qui a pour titre Senderos y colores (sentiers et couleurs), est riche en propositions. Elle se veut suggestive, notamment sur le plan de l'interprétation thématique. Car l'artiste ne se résume pas à peindre, donc à transposer sur la surface du tableau couleurs et formes, mais à suggérer, et ce, à travers cette composition polychrome qu'elle imagine si bien et avec une rare splendeur et une harmonie certaine, une vision du monde, notamment une manière d'être, et ce, en rapport avec l'art, puisque l'art est, en soi, l'expression de la relation qu'entretient l'artiste avec son environnement, qu'il soit social ou psychique. Par l'abstrait, Margarita Garces exprime une façon de faire de l'art, donc de peindre : l'art devient prétexte pour dire le subconscient, le faire émerger à la surface du conscient, le rendre perceptible. Tout comme par l'abstrait, l'artiste dit la nature et l'environnement en déperdition. Cela revient à dire que Margarita Garces s'investit dans un art spécifiquement engagé : elle privilégie, par le biais de ses peintures, un dialogue entre le contenu de ses tableaux, c'est-à-dire le message qu'elle s'emploie à véhiculer et l'individu, c'est-à-dire l'observateur ou le visiteur, donc le public. Le message consiste à sensibiliser les uns et les autres à la question de l'environnement qui, aujourd'hui, devient un enjeu éminent surtout pour l'avenir de l'humanité. La démarche de Margarita Garces n'est pas uniquement thématique, elle est aussi plastique. Il y a une recherche permanente d'une esthétique. Autrement dit, il y a un travail de la forme. Cette quête s'illustre à travers le choix des couleurs et surtout leur disposition, çà et là, sur la surface des tableaux. Tout comme elle s'illustre à travers le mouvement qui les y étale. Le geste se révèle alors spontané et en même temps créatif. Ce geste ne se limite pas seulement à disposer des couleurs, mais aussi à déposer parfois des formes et des tracés. L'on distingue effectivement des motifs visibles, mais en même temps indistinct. Les formes que l'artiste reproduit dans certaines de ses peintures et qui sont de l'ordre du géométrique, sont presque inachevées, fuyantes et par moments évanescentes. Cela donne la nette impression qu'elles ont été exécutées, tracées d'un geste laconique, exalté et sec, donc d'une main rapide et furieuse, mais certaine et recherchée, puisque l'artiste savait ce qu'elle faisait et ce qu'elle allait tracer. Quant aux couleurs éclatées souvent avec violence sur la surface des tableaux, elles sont d'une texture épaisse, et même si elles semblent éparses et fuyantes, elles se révèlent unies et dans leur variété et dans leur diversité. Cela révèle une polychromie exubérante et fulgurante. Cette polychromie renvoie à la nature que l'artiste s'emploie plastiquement à représenter.