Déficit n Malgré les réalisations signalées dans le traitement de l'insuffisance rénale, l'Algérie accuse un manque d'infrastructures sanitaires spécialisées, de néphrologues et de donneurs d'organes. La prise en charge de l'insuffisance rénale chronique a débuté en Algérie au début des années 1980. C'est précisément cette année-là que les premiers néphrologues algériens qui ont poursuivi leurs études à l'étranger, sont rentrés pour soigner les malades qui étaient auparavant transférés à l'étranger. Dans un premier temps, ces néphrologues étaient affectés dans des services de médecine interne. Ce n'est qu'à partir de la fin des années 1980 que la néphrologie a été reconnue comme discipline à part entière et enseignée comme une spécialité dans les établissements de l'enseignement supérieur. De l'avis des spécialistes, malgré les manques signalés, la néphrologie a connu, en l'espace de trente ans, un essor important. Le nombre de centres d'hémodialyse a été multiplié par 100. Actuellement, il existe 230 centres traitant près de 13 000 patients dont 4 400 dans le privé. 90 nouveaux centres spécialisés, dont une vingtaine à Alger, sont programmés pour les prochaines années. Le taux national de postes d'hémodialyse est de 85 pour 1 million d'habitants. Cependant, ce qu'il faut signaler c'est l'inégalité entre les régions du Nord et du Sud, car 90% du parc d'infrastructures se trouvent au nord du pays et beaucoup plus dans la région Centre. Pour la prise en charge de cette maladie, l'Algérie consacre près de 2,5% du budget global de la santé. En dépit de cet essor, on déplore encore le manque d'études. «L'incidence de l'insuffisance rénale reste méconnue à cause de l'absence d'études fiables», souligne le professeur Rayane. Au volet de la transplantation, notre pays accuse encore des retards. 500 greffes rénales ont été réalisées de 1986 à 2008. La plupart ont été réalisées depuis 2005 grâce à la réactivation du programme national de transplantation rénale. Depuis 1986, 495 transplantations à partir de donneurs vivants ont été réalisées. L'objectif du programme de transplantation rénale est la réalisation de 200 greffes rénales par an, soit 6 transplantations rénales par million d'habitants. Cependant, cet objectif est difficile à atteindre selon les spécialistes, à cause, bien évidemment, des moyens matériels et humains limités dont dispose notre pays. En 2007, 116 greffes ont été réalisées. Le nombre est presque le même en 2008 avec 117 greffes rénales (3,5 greffes par million d'habitants) réalisées dans 12 centres greffeurs. Le professeur Rayane explique qu'en dépit de tous les efforts fournis pour atteindre les objectifs tracés, l'Algérie ne pourra pas réaliser plus de 150 greffes rénales par an et ce, pour différentes raisons : manques d'équipes de néphrologues spécialisés, déficit en matière d'infrastructures et de matériel médical, mais surtout manque de donneurs d'organes.