Lors d'une conférence de presse organisée hier au siège national du syndicat, à Alger, en prévision de la grève d'une «journée renouvelable» annoncée pour demain, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique élargi (Cnapeste) a tenu à préciser que son mouvement ne s'inscrit pas dans une démarche visant l'amendement du statut particulier. «Nous n'appelons pas à la révision du statut particulier. Ce n'est pas notre revendication. Ce que nous demandons aux responsables du ministère, c'est de faire une bonne lecture des textes contenus dans ce statut», a indiqué le porte-parole du syndicat, Nouar Larbi. Ce dernier insiste sur une toute autre revendication : «Nous demandons au ministre d'annuler immédiatement la décision de transformer les postes de promotion en postes de recrutement.» Telle est la revendication majeure du Cnapeste et la raison première pour laquelle il a décidé de reprendre sa grève du mois d'octobre dernier. Celle-ci a duré quinze jours et n'a été suspendue qu'après l'engagement du ministère à satisfaire un ensemble de revendications dont la réintégration d'un enseignant syndicaliste. Les postes de promotion sont ceux des deux corps : professeur principal (après dix ans de travail) et professeur formateur (après 20 ans). Leur nombre est estimé à près de 5 000 au niveau national, selon le syndicat. «Il y a ceux qui partent à la retraite, d'autres qui sont décédés. Nous avons demandé au ministère à ce que ces postes soient remplacés par les mêmes corps et donner ainsi plus de chance aux enseignants pour une véritable progression de carrière. Au lieu de cela, les services du ministère préfèrent les donner directement aux nouvelles recrues dans le secteur -bien sûr avec le salaire d'un débutant- et priver les autres de prétendre à la promotion», précise le représentant du Cnapeste. En fait, tout l'enjeu est là et c'est pourquoi les enseignants du Cnapeste et même du Snapest et de l'Unpef insistent sur cette revendication. C'est pourquoi aussi la tutelle et, derrière elle, la direction de la Fonction publique et le ministère des Finances font semblant de l'ignorer. Ouvrir 5 000 postes de promotion coûtera cher au Trésor public pour la simple raison que toute promotion implique une augmentation de salaire. C'est donc le retour à la case de départ du fait que la tutelle risque, encore une fois, de répondre aux grévistes par la négative, en leur disant que cela ne relève pas de ses prérogatives mais plutôt de celles du gouvernement. Dans son intervention hier, le porte-parole du Cnapest a regretté «les agissements» des «subordonnés» du ministre et les a qualifiés d'incompétents : «Ce sont des incompétents. Ils n'ont pas le bagage nécessaire pour discuter de nos problèmes. Les agissements de ces responsables montrent qu'ils n'ont aucun souci pour l'intérêt de l'élève. Leur seul souci est de sauvegarder leurs postes.» Le Cnapeste affirme aussi qu'il n'a plus confiance en les engagements du ministère, consignés sur des PV : «Nous dénonçons le non respect des PV cosignés avec le ministère.» Les autres revendications sont liées, entre autres, au dossier de la médecine du travail, la participation des syndicats autonomes à la prochaine tripartite, l'exercice de l'activité syndicale, la réhabilitation des enseignants de l'ENS et ceux dits en voie de disparition et le versement de la prime de zone. Pour rappel, le Cnapeste a appelé à une journée de grève renouvelable à partir de mardi. Autrement dit, une grève illimitée en cas de non intervention de la tutelle pour l'arrêter. De son côté, le Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) est en grève illimitée, à partir d'aujourd'hui. L'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation) depuis dimanche. Trois syndicats en grève en une seule semaine. D'ores et déjà, des voix s'élèvent pour dénoncer ce nouveau recours des enseignants aux grèves à répétition et affirment leur inquiétude pour la scolarité et l'avenir des élèves. K. M.