Le mouvement de condamnation des crimes israéliens à Ghaza s'est poursuivi hier dans plusieurs capitales du monde où se multiplièrent les appels pour l'arrêt immédiat des massacres de civils palestiniens et pour exercer des pressions sur Israël afin qu'il respecte la résolution du Conseil de sécurité. En Libye, les manifestations se poursuivent mais, avec le temps, la colère se tourne vers le système officiel arabe, et la Ligue arabe, dont la responsabilité est mise en évidence au regard de la faiblesse de sa position. Les manifestants ont demandé l'ouverture des passages pour permettre aux volontaires d'aller combattre aux côtés de leurs frères palestiniens. A Rabat, les manifestants ont exprimé leur colère et réitéré leur soutien à la résistance palestinienne et au mouvement Hamas. La position du Venezuela a trouvé un écho. Des drapeaux de ce pays ont été brandis en signe de reconnaissance pour sa position courageuse. Au Pakistan, des milliers de manifestants ont de nouveau manifesté dans les grandes villes du pays, brûlant notamment des drapeaux israéliens et des effigies de George W. Bush. Ainsi, à Lahore, la deuxième ville du pays, avec plus de 10 millions d'habitants, plus de 7 000 personnes ont défilé dans les rues. Selon les organisateurs, ils étaient plus de 10 000 manifestants. A Karachi (sud du Pakistan), la première ville du pays avec près de 15 millions d'habitants, ce sont plus de 5 000 femmes qui ont manifesté dans le calme lundi, au lendemain d'échauffourées entre la police et des centaines de chiites qui tentaient de marcher en direction du consulat américain. A Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad, un millier de personnes environ ont également manifesté contre Israël, s'en prenant notamment aux pays musulmans qui ne font rien selon eux depuis l'offensive. Des manifestations similaires, comme chaque jour depuis l'assaut israélien, ont également eu lieu dans la grande ville du nord-ouest, Peshawar, près de la frontière afghane, et à Multan, dans le centre. Des activistes japonais sont pour leur part arrivés à Tokyo à bord d'un bateau du pays sur lequel était déployée une large banderole appelant à l'arrêt des crimes à Ghaza. «Stop killing in Ghaza» était le message des activistes japonais qui se sont interrogés sur le silence devant la tuerie dont sont victimes les civils en Palestine. Sur un autre plan, l'Iran a exhorté tous les pays, et en particulier les pays islamiques, à rompre leurs relations diplomatiques avec Israël. Intervenant en marge d'une cérémonie symbolique de soutien à la population de Ghaza, organisée par les étudiants iraniens à Téhéran, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki a appelé hier à suivre l'exemple de la Mauritanie et du Venezuela qui ont expulsé les ambassadeurs d'Israël de leurs pays. Sur le plan humanitaire, le Comité des Nations unies pour les droits de l'enfant a dénoncé hier «les effets dévastateurs des événements à Ghaza sur les enfants». Des organisations non gouvernementales du Congo, formant la Coordination des associations et réseaux de la société civile (Caresco), quant à elles, ont appelé hier à une trêve dans la bande de Ghaza et à l'ouverture d'un couloir humanitaire. En France, près de 90 ONG et associations françaises veulent porter la mobilisation «sur le terrain du droit et de la justice». Une plainte pour «crimes de guerre» sera déposée aujourd'hui contre Israël, «au nom d'une centaine de mandants», devant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), ont annoncé lundi à Paris les initiateurs de cette démarche, intitulée «A la violence doit répondre la justice». Une délégation, comprenant notamment le MRAP, l'Union juive française pour la paix (UJFP), le collectif Résistance Palestine, s'est rendue en fin de journée à l'Elysée pour y déposer une requête à l'intention du président de la République française. Cette requête demande au président Nicolas Sarkozy de saisir, d'une part, le Conseil de sécurité des Nations unies, d'autre part, le procureur de la CPI «pour des faits de crimes de guerre commis sur la terre palestinienne à compter du 27 décembre 2008». A. R.