Même si on est peu regardant sur la qualité, l'offre culturelle demeure très réduite pour intéresser réellement la critique. Au regard des enveloppes investies par les pouvoirs publics, on a la nette impression qu'on est bien loin du compte. Tous les connaisseurs des milieux artistiques vous le diront : avec autant d'argent, on aurait pu faire beaucoup mieux. Il s'agit, certes, d'un jugement global, largement admis, qu'il convient d'argumenter et de justifier. Dans le traitement de l'information, la presse et les médias ne s'attardent pas sur la finesse et la portée des manifestations. Dans leurs comptes-rendus, les journalistes s'attellent à un travail de simple description, généralement ponctué par les réactions d'un public sevré qui ne cache pas sa satisfaction qu'il ait encore, de temps à autre, de l'animation. Suite en page 12 Un avis de novice conditionné qui, naturellement, applaudit chaque initiative. En aparté, les connaisseurs, spécialistes et universitaires, accusent une nette baisse de niveau sur tous les plans : traitement superficiel des sujets, esthétique bâclée, promotion hasardeuse, organisation incertaine et défaillance de la critique. Les responsables du secteur de la culture et les managers des établissements publics, qui assurent l'essentiel de l'animation, ne se soucient pas de l'excellence faute de critiques, de contre-expertises pertinentes et d'exigences nettement exprimées par le public. De l'avis d'un confrère qui connaît un peu cette fameuse sphère culturelle, les organisateurs optent manifestement pour «le bourrage des programmes par des animations plates dont la réceptivité et l'impact ne constituent guère un souci. L'objectif étant de remplir le programme et de présenter un bilan «positif» en fin d'exercice». En décodé : l'action culturelle s'est dramatiquement bureaucratisée. Cela ne stimule pas la créativité, l'innovation et la recherche. La concurrence et la rivalité entre les concepteurs de ces programmes sont inexistantes. Chacun se satisfait de son propre produit et tout le microcosme est content. Des festivals, des colloques, des salons et des rencontres s'achèvent souvent sans faire de bilan sur ce qui a marché, ce qui a foiré et ce qu'il convient de faire pour ne pas tomber la prochaine fois dans les mêmes travers. Les éditions se suivent et se ressemblent. Un effet démobilisateur, de lassitude et de déjà-vu, commence à se faire sentir. Il est temps, si ce n'est un peu tard, d'exiger le meilleur et d'imposer l'excellence. Le public algérien, conciliant mais connaisseur, mérite largement mieux. On doit absolument se surpasser et se renouveler au plus vite pour ne pas susciter son aversion. Du reste légitime. K. A.