Le livre est à l'honneur ces jours-ci au Palais des expositions des Pins maritimes à Alger. Le 19e Salon international du livre (30 octobre-8 novembre) polarise l'attention des lettrés, des étudiants, des élèves scolarisés et de leurs parents, qui viennent par centaines de toutes les régions d'Algérie, pour s'approvisionner en éditions fraîches, voir de près leurs auteurs préférés et nouer des contacts. Les lieux ressemblent vraiment à une grande ruche laborieuse. Pas moins de 926 maisons d'éditions, dont 659 éditeurs étrangers issus de 43 pays des quatre continents (Afrique, Europe, Asie et Amérique), étalent des milliers d'ouvrages sur un méga-espace d'exposition de plus 20 000 mètres carrés. Des ventes-dédicaces, des conférences, des ateliers, des tables-rondes, des colloques et des rencontres diverses sont au menu. Un programme alléchant pour les passionnés de lecture, les chercheurs et les médias, aussi bien locaux qu'internationaux. L'événement a acquis au fil des années une dimension internationale indiscutable qui le place parmi les grand rendez-vous de l'édition au monde. Les Algériens, toujours curieux et friands de lecture, y viennent en grande masse. Un constat largement partagé par les acteurs de la filière. Editeurs, libraires ou bibliothécaires s'accordent généralement à reconnaître l'existence d'un magnifique potentiel en la matière. Ils parlent ainsi au conditionnel sans s'attarder, ensuite, sur les multiples contraintes d'accès aux publications. À voir l'engouement populaire qui a toujours accompagné cet événement exceptionnel, on se dit qu'on ne l'a pas suffisamment exploité pour encourager la lecture et développer les circuits de production et de diffusion du livre. En un mot, promouvoir une véritable politique nationale du livre. Les dix jours du Sila passent vite. Toute cette fièvre rechutera immédiatement après. Il s'agit de maintenir cette flamme toujours allumée jusqu'au prochain rendez-vous. Pour cela, les organisateurs du ministère de la Culture doivent absolument voir plus grand en s'intéressant à l'ensemble du territoire national. En plus des salons régionaux qui vont s'ouvrir dans les grandes villes, on doit penser à encourager l'édition et à doter les bibliothèques municipales, scolaires et universitaires en nouveautés littéraires. Il s'agit, d'ores et déjà, d'intéresser d'autres départements comme ceux de la Jeunesse, de l'Intérieur et des Collectivités locales, l'Education nationale, l'Enseignement supérieur et la Formation professionnelle, entre autres. Comme on ne doit pas compter uniquement sur les deniers publics, on doit aussi impliquer les sponsors privés, les mécènes et les organisations de la société civile. En effet, il y a aujourd'hui un grand besoin pour booster le marché national de l'édition. Le nombre d'éditeurs nationaux est passé de 40 à 320 au cours de la dernière décennie. Un bon indice. Ces éditeurs doivent être soutenus pour arriver au lectorat et remplir correctement leur mission. On enregistre aussi un développement notable du réseau national de bibliothèques municipales avec le lancement d'un projet ambitieux pour en doter chaque commune du pays. Les librairies privées ont connu aussi un accroissement relatif au cours des dernières années. Mais le livre peine toujours à arriver au lecteur. Les communes, prétextant des difficultés budgétaires, ne dotent pas régulièrement les bibliothèques municipales. Les établissements de jeunesse, scolaires et universitaires aussi. On doit, d'abord, penser à conclure des conventions et des partenariats entre les divers acteurs institutionnels concernés. Le simple citoyen, en raison de l'érosion manifeste de son pouvoir d'achat, ne peut pas s'offrir toutes les belles éditions qu'il aimerait lire. Tout ce beau monde peut aisément les mettre à sa disposition et à coût réduit. En gros, les Algériens, de manière générale, cultivent une passion particulière pour le livre. Un penchant qui se transmet de père en fils. Toute la problématique se résume à garantir la disponibilité du bon livre à un prix qui ne serait pas trop onéreux. Par ailleurs, le ministère de la Culture prépare un projet de loi sur le marché du livre portant sur le soutien à la production, à la diffusion et à la promotion de la lecture. Espérant que ce texte répondra concrètement aux attentes des concernés. K. A.