«Le festival n'est qu'un événement qui commence le jour d'ouverture et qui s'achève le jour de clôture.» Comprendre qu'il n'y a ni l'avant festival ni l'après festival. Quand le directeur de la culture de Tizi Ouzou et commissaire du Festival arabo-africain de danse folklorique, El Hadi Ould Ali, a fait cette déclaration lors d'un point de presse et en réponse à une question de la Tribune, il ne savait peut-être pas qu'il venait de faire un aveu d'échec. De la manifestation bien entendu, dont les objectifs ne cadrent pas avec ceux de tout le festival. Parce que justement un festival ne doit pas être un événement limité dans le temps, comme l'a affirmé le responsable du secteur de la culture, sinon il cesserait d'être un festival. Et c'est là où le problème se pose dans notre pays où l'on dépense des dizaines, voire des centaines de milliards pour des manifestations culturelles qui n'ont aucun impact à moyen et à long termes sur la société. Et dont l'objectif n'est finalement pas la socialisation de la culture et des arts. À quoi servirait un festival s'il ne crée pas une dynamique culturelle autour de la discipline concernée ? Serait-il utile s'il ne participe pas au développement et à la promotion de l'activité culturelle qu'il présente ? Dans la wilaya de Tizi Ouzou, il semble évident que les festivals ne participent pas à la dynamique censée promouvoir l'activité culturelle. Les festivals se contentent finalement de donner une bouffée d'oxygène aux amateurs des activités pendant un laps de temps limité, sans que ces activités ne connaissent des changements positifs. Le meilleur exemple en vue n'est autre que le Festival arabo-africain de danse folklorique qui accueille annuellement des troupes de plusieurs pays africains et arabes et qui reste incapable de favoriser la création de nouvelles troupes de danse folklorique dans la wilaya qui l'abrite. Depuis plus de dix années, la wilaya de Tizi Ouzou participe à cette manifestation hyper-médiatisée avec les trois mêmes troupes de danse. Pire encore, la dernière édition a vu la participation de seulement deux troupes, signe que ce festival n'arrive pas à favoriser la création de nouvelles troupes. Pourtant, au ministère de la Culture, l'on sait qu'il y a toujours un avant et un après festival. Qu'un festival est l'aboutissement de quelque chose et le début de quelque chose. Qu'un festival n'est pas une fin en soi et qu'il faut ranimer les activités culturelles et les intensifier pour qu'elles puissent un jour imposer des festivals dignes de ce nom. Le festival est en effet l'aboutissement de nombreuses activités intenses qui évolueront naturellement et par la grâce des artistes et des hommes de culture vers un festival en bonne et due forme. Il doit également être le catalyseur d'une production artistique et culturelle, synonyme d'une dynamique culturelle nécessaire pour l'objectif suprême de toutes les activités culturelles : la socialisation de la culture. Si ce n'est pas pour ces objectifs, il est inutile d'avoir des festivals, qu'ils soient de cinéma, de théâtre, de peinture ou autres. Il est certain que l'activité culturelle dans notre pays n'atteindra jamais un niveau assez élevé de qualité, et même de quantité. D'ailleurs, le public est de plus en plus nombreux à se détourner de ces festivals qui ne connaissent aucune évolution au fil des éditions. Et ce n'est pas fortuitement que les organisateurs du Festival arabo-africain de danse folklorique programment chaque soir des concerts de chant avec de grands noms de la chanson. Histoire d'attirer le public et faire croire que c'est la danse folklorique qui l'amène vers les locaux de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de la ville des genêts. M. B.