La montée en puissance des groupes extrémistes menace de transformer la Libye en une nouvelle Syrie, a déclaré le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Dayri. Ce dernier appelle les Occidentaux à doter les forces libyennes d'armes pour combattre les djihadistes de plus en plus présents. «En l'absence d'une solution politique, le pays peut être entraîné dans une véritable guerre civile comme en Syrie», a prévenu le ministre libyen. Dayri qui s'adressait aux médias occidentaux a tenu à souligner que son gouvernement ne plaidait pas «pour une nouvelle intervention militaire occidentale», mais pour «le renforcement des capacités de l'armée libyenne». Ce n'est pas la première fois que cet homme politique parle de la nécessité d'armer les forces de sécurité libyennes. Il avait déjà appelé la semaine dernière, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, à une levée de l'embargo imposé à la Libye depuis 2011 à cause du désordre que vit ce pays depuis la chute du régime Kadhafi suite à l'intervention de l'Otan. Sur le plan politique l'heure reste à la recherche d'une solution politique. «La formation d'un gouvernement d'union nationale est une priorité libyenne, avant d'être une demande internationale», a ajouté le ministre. D'un autre côté l'ancien Parlement libyen, le Congrès général national a annoncé que l'ONU l'avait informé du report sine die du nouveau round de discussions inter-libyennes. Le vice-président du CGN, Salah al-Makhzoum, a indiqué que «la mission onusienne en Libye a officiellement informé le Congrès du report du dialogue inter-libyen prévu au Maroc». Selon ce responsable, le dialogue a été reporté de plusieurs jours et aucun accord n'a encore été trouvé sur la tenue du prochain round de ces discussions pour aider la Libye à dépasser la crise qui la déchire. Le Parlement libyen reconnu avait suspendu sa participation aux sessions de dialogue sous l'égide de l'ONU annonçant que cette décision intervenait «après les attentats terroristes de vendredi à Al-Qoba» qui ont fait plus de 40 morts, attentats revendiqués par la branche libyenne de l'organisation Daech. Un nouveau round de discussions était prévu au Maroc, à l'invitation de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), entre représentants du Parlement reconnu et ceux de son rival qui a été réactivé par la coalition Fajr Libya. Ces tergiversations sont symptomatiques de la difficulté pour les différentes factions libyennes à trouver un terrain d'entente pour entamer un sérieux dialogue. Le rôle des voisins devient impératif pour aider à trouver un début de solution et éviter la désagrégation de ce grand pays d'Afrique du Nord. Livrée aux milices et plongée dans le chaos depuis l'intervention de l'Otan, la Libye est dirigée par deux Parlements et deux gouvernements et est surtout devenue un territoire sans Etat ouvert à la prolifération des mouvements extrémistes. M. B./Agences