L'effacement des institutions de l'Etat face à l'anarchie créée durant les années de sang et de feu a provoqué chez les citoyens un délitement de la conscience à tel point qu'ils ne se gênent nullement à revendiquer l'assistanat dans tous les domaines et à s'affranchir du sens de la responsabilité. Les logements d'astreinte ou de fonction sont aujourd'hui squattés par des retraités qui refusent toute idée de les restituer à l'Etat ou aux entreprises qui les ont employés afin que d'autres fonctionnaires et responsables puissent y loger le temps de leur fonction. Pis, nombreux sont ceux qui font un pied de nez à l'Etat en usant d'un droit qui n'est pas le leur, le droit de préemption en cédant ces appartements à des proches. La loi 81-01 du 7 février 1981 est claire, le logement d'astreinte n'est pas cessible et doit être libéré dès la fin de la fonction pour laquelle il a été attribué. Quelle que soit la nature de la fonction et du grade, que l'on soit dans les sphères de l'Etat, à la tête d'une entreprise ou d'un département ou un fonctionnaire. L'Etat est décidé à récupérer son patrimoine, le traitement doit être le même et la loi doit être appliquée à tous, sans exception et sans favoritisme. Il faut également que tous les ex responsables et ex élus répondent à cette loi, à tous les niveaux, au niveau de toutes les résidences squattées indéfiniment. La justice doit être appliquée, elle doit être constante et équitable. Si cession il y a, elle doit se faire au cas par cas et exclure les propriétaires d'un logement qui semblent avoir fait le serment de ne jamais rendre ce qui ne leur appartient pas à partir du moment où ils y sont. L'effritement de la conscience et du sens de la citoyenneté font que l'on s'acharne à disposer à l'œil de ce pour quoi on doit débourser, comme c'est le cas des logements biens de l'Etat proposés à la cession aux locataires. Relancée l'année dernière, l'opération est pratiquement au point mort, seulement 20% de ces logements ayant été acquis par leurs occupants. Mieux vaut payer un loyer, si paiement il y a, parce qu'il y a à en redire à ce sujet, que d'acheter un logement qu'on occupe dans un cas comme dans l'autre, un état d'esprit largement partagé. R. M.