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Sport et médecine en Algérie, la difficile jonction Le médecin est confiné à des interventions à chaud excluant les répercussions d'un traitement sous pression
Il aura fallu une longue période pour que le monde du sport en Algérie découvre que la médecine est un élément indispensable à la pratique de toutes les disciplines. Pendant longtemps, il a été admis que le lien entre le sport et la médecine ne pouvait se manifester que lorsqu'un athlète subit une blessure. On fait alors intervenir toutes les connaissances acquises par le médecin. Ce dernier est tenu, généralement dans la hâte, à rétablir son patient en un temps record et sans tenir compte des répercussions d'un traitement sous pression. Jadis, les sportifs se contentaient de leur capacité à résister à tous les coups de l'adversaire, notamment dans les disciplines où il est souvent fait abus de la force physique. Le public a ainsi assisté dans plusieurs rencontres à des interventions à chaud de médecin d'une équipe pour que le joueur ne quitte pas le terrain et n'abandonne pas ses coéquipiers. La scène devient plus pesante quand il s'agit d'un joueur sur lequel l'équipe misait pour arracher une victoire. Sans tenir compte du facteur scientifique du fait, le joueur sera «remis» de sa blessure pour reprendre la partie. La fausse guérison collera, néanmoins, au quotidien du sportif. Tout simplement parce que le traitement était dénué de ce que la médecine préconisait. L'Algérie du football se rappelle, à titre d'exemple, plusieurs joueurs, dont des internationaux, qui n'ont pu aller au bout de leur carrière à cause de blessures mal soignées. Parmi ces joueurs, nous pouvons en citer au moins deux. Le premier cas s'est produit un certain mois de janvier 1990 au stade du 5 Juillet. C'était le deuxième match de l'Algérie contre la Côte d'Ivoire (3-0). A peine quelques minutes écoulées, le défenseur des Verts, Rachid Adghigh, fut taclé par l'attaquant ivoirien Traoré. Personne n'imaginait alors que l'international algérien ne remettrait plus les pieds sur un terrain de football. Malgré son courage et son insistance à reprendre son niveau, Adghigh a dû dire adieu au stade. Le deuxième cas est celui d'Azeddine Rahim, qui s'est blessé quatre ans plus tard suite à une intervention musclée de Lazizi lors d'un derby entre l'USMA et le MCA. Transféré à l'étranger pour des soins minutieux de la part de spécialistes, l'ex-coqueluche des Usmistes ne retrouvera jamais ses moyens physiques. Il y a aussi des accidents encore plus dramatiques et qui ont coûté la vie à des joueurs. Nous pensons à Benmiloudi, à Gaïd Gasba et à Gasmi Hocine. Durant l'exercice écoulé, un jeune des petites catégories a rendu l'âme sur un terrain de football à Baraki. Les exemples sont encore plus nombreux. Ils renseignent sur le difficile mariage entre le sport et la médecine. Il a fallu que le sport devienne un sujet de recherche comme toutes les autres disciplines pour que l'Algérie, instance et pratiquants, commence à s'intéresser à cet aspect de la vie d'un athlète. Aujourd'hui, tout le monde admet que former morphologiquement un sportif ne peut se faire sans la médecine. C'est désormais une nécessité. Accompagner le sportif durant ses premières années de formation par des exercices répondant aux leçons de la médecine du sport est une étape inévitable. La médecine du sport est aussi un élément incontournable pour qu'un athlète accède au sport d'élite et de performance. Incontournable staff médical Aujourd'hui, le paysage sportif a sensiblement changé notamment dans les pays où le sport est pratiqué, telle une religion. Les deux domaines, le sport et la médecine, bénéficient de tous les égards de la société, de l'école jusqu'au monde du sport. Dans les familles, les parents veillent à ce que leurs enfants pratiquent un sport. Au moins pour les voir en bonne santé. A l'école, le sport est une matière comme les autres. Ce n'est pas une sous- matière. Pour ce qui est de la médecine, sa valeur n'admet pas de frontières. Si la médecine est assez présente dans le secteur du sport en Algérie, il reste néanmoins vrai que beaucoup de choses sont à faire. Il y a des niveaux où il est manifestement urgent d'intégrer la médecine du sport, particulièrement au sein des jeunes. Il y en a également où il faudrait éviter d'aller à contresens de ce que préconise la médecine du sport. Des cas de non-respect des conclusions et des diagnostics se sont avérés lourds de conséquence sur la carrière de certains athlètes. Le cas le plus édifiant de ces dernières années est celui du Sétifien Hadj Aïssa dont le passage à un niveau supérieur ne peut visiblement se faire sans une intervention chirurgicale. Elément essentiel de son équipe, appelée de façon continue à des rendez-vous sportifs importants, le joueur évolue depuis au moins deux saisons avec une blessure qui ne le laisse jamais étaler sa classe. Constatons dans ce cas précis, la primauté du résultat immédiat sur la performance durable d'un sportif. C'est le cas dans tous nos clubs qui courent derrière le résultat au détriment de la santé du joueur. La prise en charge est, néanmoins, acceptable au niveau des sélections nationales où de bonnes traditions ont pris forme au sein des staffs qui se succèdent. Des échos des Verts indiquent qu'un travail de continuité se fait depuis au moins quelques années. Un comportement qui s'est imposé éventuellement à force de côtoyer des professionnels aussi bien algériens que d'autres nationalités. Le sport tel que pratiqué aujourd'hui est plus exigeant. Les sommes d'argent débloquées par les Etats ou par les sponsors mettent davantage de pression sur ceux qui l'encadrent. Aucune erreur n'est permise. Nul n'a le droit de mettre en péril la vie des athlètes. Il ne reste plus de place pour l'approximation : soit on pratique un sport selon toutes ses exigences, soit on y renonce. Et la médecine, justement, est un élément du corps sportif. Se lancer, aujourd'hui, dans une discipline sportive sans tenir compte de la médecine avec toute sa complexité apparente est une aventure suicidaire. Une culture de la médecine du sport s'impose en Algérie. Sinon, on risque de se retrouver à compter le nombre de spécialistes qui iront exercer ailleurs. A. Y.