L'hygiène sur les plages revient au devant de l'actualité à chaque entame de la saison estivale. On parle, à l'occasion, d'opérations de volontariat pour la collecte de tonnes de déchets divers afin de permettre aux estivants de planter leur parasol sur un petit carré de sable face à la mer. Le littoral de la wilaya de Béjaïa, qui s'étend sur une centaine de kilomètres, ne déroge pas à cette règle qui veut que l'intérêt pour la salubrité du milieu marin soit circonscrit à la seule période des grandes chaleurs. Sur les 46 plages qui jalonnent cette belle façade maritime, seules 33 ont été autorisées cette année à la baignade, les 13 restantes étant déclarées polluées par des rejets sauvages d'eaux usées brutes. La trentaine de criques retenues ont été sommairement nettoyées durant la deuxième moitié du mois de mai et la première semaine du mois de juin derniers. Les appels au volontariat, lancés par diverses parties (mouvement associatif, collectivités locales, riverains…), ont eu un écho positif auprès des populations et des milieux scolaires qui se sont retroussés les manches pour décrasser les lieux. Les bénévoles se sont, cependant, contentés de collecter les gravats qui jonchent le sol sans plus. Sachets, bouteilles, vêtements et chaussures usagées, bouts de ferraille, carcasses d'appareils électroménagers, pneus, bois mort et divers détritus ont été accumulés et chargés à bord de camions des services d'hygiène qui s'en sont débarrassés dans d'autres sites également sensibles. C'est, en général, dans les oueds et les forêts environnantes qu'on déverse toutes ces ordures qui, à la prochaine saison des pluies, vont refaire le voyage inverse vers la mer. Insensé ! Depuis des années, on s'amuse à faire et refaire cette corvée qui, dans l'absolu, reste sans impact dans l'amélioration du cadre de vie des résidents et celui des estivants. Ceci pour dire que la propreté des plages est indissociable de celle de l'environnement de manière générale. Pour cela, l'absence d'une politique efficiente de gestion des déchets ménagers contrarie tous les «efforts saisonniers» consentis pour soi-disant offrir un séjour agréable aux vacanciers. En clair, les collectivités locales doivent impérativement réfléchir sur ce volumineux dossier. Encourager la récupération et le recyclage en incitant les industriels à investir dans ce créneau juteux, taxer les pollueurs et les producteurs de déchets (y compris les ménages), améliorer les performances des décharges publiques et des CET existants, mobiliser les associations et les acteurs de la société civile à œuvrer dans ce sens à travers la sensibilisation et des actions de terrains, figurent parmi les recommandations des experts qui mettent en garde contre une catastrophe imminente. Faute d'un travail sérieux dans ce sens, toutes les actions de rafistolage en cours resteront sans aucun impact, si ce n'est celui qui consiste à masquer la réalité en ignorant le danger pour faire perdurer la situation et alourdir davantage ses fâcheuses conséquences. K. A.