Retour gagnant de boomerang. Devrions-nous tolérer pacifiquement le téléchargement à des fins de marketing ? Plusieurs études, réalisées dans des pays développés où le web carbure fortement avant même l'adoption de la 4G, démontrent que les flibustiers d'Internet portent également la casquette de meilleurs acquéreurs de créations culturelles. Retour gagnant de boomerang. Devrions-nous tolérer pacifiquement le téléchargement à des fins de marketing ? Plusieurs études, réalisées dans des pays développés où le web carbure fortement avant même l'adoption de la 4G, démontrent que les flibustiers d'Internet portent également la casquette de meilleurs acquéreurs de créations culturelles. Ce sont eux qui achètent le plus les produits à une marge de plus par rapport aux consommateurs dits légaux (on fait référence aux internautes qui disposent de supports pour le payement en ligne). «Les pirates numériques se révèlent être acheteurs numériques», indique un rapport étranger basé sur une enquête préalable. Certes, le manque à gagner demeure énorme pour les ayants-droit, producteurs, réalisateurs, acteurs, et les sociétaires concernés par les droits d'auteur outre le fait que l'acte de pirater nuit à la création artistique. Contre toute attente, un cinéaste s'est trouvé ébahi devant l'ampleur qu'a prise sa production étalée sur les réseaux. «Quelque chose d'assez extraordinaire s'est produit, Ink (film sorti en mars 2009 ndlr) a été compilé. Quelqu'un l'a publié sur différents sites dédiés au piratage, et nous savions que cela arriverait. Ce que nous n'avions pas prévu, c'est son succès fulgurant. En moins de 24 heures, Ink est devenu le film le plus téléchargé sur plusieurs hébergeurs spécialisés, avec parfois 150 000 à 200 000 internautes. Résultat, Ink est désormais classé 16e sur la base de données cinématographiques d'Internet (Imdb) et fait partie des 20 films les populaires au monde», relate le réalisateur américain Jamin Winans. Ce n'est là qu'un fragment des surprises émanant des téléchargements illégaux. Autant de contenus culturels piratés ont contribué à la propulsion ou la relance des ventes avec tous les succès au profit des artistes. D'autres professionnels, en particulier des musiciens, ont même tenté des expériences en laissant l'accès libre à leurs créations. Les plateformes explosaient et les cessions régénérées. La tendance de téléchargement illégal quoiqu'elle donne froid dans le dos à l'univers culturel, puisqu'elle contribue à la sécheresse pécuniaire des plateformes et des sites d'hébergements, permet cependant une large diffusion des œuvres (musiques, séries télévisées, films…).Cela ne justifie en rien le recours à l'illégalité pour écouter de la musique, suivre un court métrage ou télécharger pour des besoins autres que privés. Le dilemme reste d'autant plus complexe quant à la régulation sans dommage de ce marché juteux aux flux incontrôlable. La coupure de la connexion Internet pénalise en partie les achats proposés sur le web. Les ventes en ligne se réduisent considérablement. La montée au créneau, ces dernières années, des artistes contre la fraude sur la Toile n'a pas dissuadé les internautes, qui n'hésitent pas devant les opportunités gratuites qui leur sont offertes via les réseaux en particulier avec le peer to peer (P2P). Certains experts classent les téléchargements en deux catégories. La première est strictement liée au piratage, mais à usage personnel, pour constituer «une banque de données culturelles gratuitement ou à faible coût». La seconde se sert du téléchargement pour l'exploration des ressources culturelles pour, ensuite, les mettre à disposition à titre onéreux. La parenthèse est grande ouverte pour voir une nouvelle stratégie pour les divers téléchargements avec l'adoption du streaming. Les experts se cherchent dans les pixels et les décibels pour aplanir un monde virtuel où l'argent n'est pas exclu. Le piratage aurait ses vertus… N. H.