Le festival culturel itinérant Racont'Arts, organisé annuellement par la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (Ladc) de la wilaya de Tizi Ouzou, a posé lundi dernier ses valises dans le village d'At Ouabane, dans la commune d'Akbil Le festival culturel itinérant Racont'Arts, organisé annuellement par la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (Ladc) de la wilaya de Tizi Ouzou, a posé lundi dernier ses valises dans le village d'At Ouabane, dans la commune d'Akbil. C'est la quatorzième édition de cette manifestation de grande envergure qui arrive à maintenir le cap alors que l'Etat lui tourne le dos depuis son lancement. Il faut dire que ce festival de contes et d'arts de rue a été pris à bras le corps par une équipe de femmes et d'hommes de culture engagés en faveur de la culture et des arts, d'où cette résistance au temps et à l'abandon. C'est que l'artiste Denis Martinez et le militant culturel El Hacene Metref ont assez d'expérience pour lancer leur manifestation sans compter sur les institutions de l'Etat. Dans ce village situé au pied du majestueux Djurdjura et à la frontière avec la wilaya de Bouira, les participants, environ 300 dont quelques dizaines d'étrangers, sont accueillis par les villageois, que les organisateurs du festival impliquent pleinement dans l'organisation, particulièrement l'hébergement et la restauration. Ces deux aspects sont entièrement pris en charge par les villageois, selon la philosophie du festival des Racont'Arts qui s'appuie aussi sur le tissu associatif du village pour parfaire l'organisation. En fait, après quatorze éditions, les choses deviennent «mécaniques». Il faut une autorité «morale» représentée par deux ou trois artistes engagés, une autorité légale constituée d'une association comme la Ladc qui prend en charge les volets «relations extérieures» et «organisation artistique», au moins une association qui s'occupe de l'organisation sur le terrain et des villageois pour accueillir le festival et en bénéficier. Si l'on fait le compte de ce qu'il faut, l'on se rend compte que des festivals comme celui des Raconte'Arts, l'on peut en avoir des dizaines sur le territoire national. Quelques artistes, quelques associations et un village mobilisé sont finalement suffisants pour réussir un festival de bonne facture sans l'aide de l'Etat. Ni même les infrastructures, puisque l'essentiel de l'activité se tient en plein air. N'y a-t-il pas des artistes prêts pour l'aventure à Oran, Chlef, Djelfa, Constantine, Annaba, Batna, Laghouat, Touggourt ou n'importe où dans le pays ? Il est clair que si, mais il leur manque seulement le déclic nécessaire pour se lancer dans cette aventure artistique et intellectuelle à la fois. Ce n'est pas chose aisée dans un pays où les citoyens ne sont pas habitués à prendre l'initiative, en dehors du carcan des institutions de l'Etat. Si les responsables de l'Etat, en général, et ceux du secteur de la culture, en particulier, veulent vraiment réduire les dépenses publiques, ils doivent au plus vite enclencher le processus de libération de l'initiative culturelle et artistique pour que les associations et les femmes et hommes de culture soient au cœur de l'activité culturelle. Ils doivent surtout comprendre que l'omniprésence de l'Etat dans les activités culturelles ne sert pas la culture et les arts, bien au contraire. C'est cela qui pourrait constituer le déclic recherché par les artistes de tous bords et de toutes les wilayas. Et c'est à partir de là qu'El Goual ne se taira plus, alors que les conteurs compteront parmi les plus engagés dans l'action culturelle. Des hameaux ou des douars pourraient être choisis pour accueillir les manifestations. L'organisation n'est pas obligée de ressembler à celle des villages de Kabylie, l'essentiel étant le déroulement même du festival et l'égaiement des localités entières. L'Etat doit réellement se retirer de la scène culturelle, mais avant cela il pourrait faire en sorte que le festival Racont'Arts ait des émules dans les différentes wilayas du pays. M. B.