On ne le répètera jamais assez, nos villes et villages offrent un visage des moins attrayants sur tous les plans. C'est l'anarchie urbanistique à tous les niveaux. Parallèlement au foisonnement de constructions illicites et de projets d'habitation non achevés, l'activité commerciale connaît elle aussi un grand désordre. L'implantation de lieux de commerce et autres cabinets d'experts ne répond pratiquement à aucune règle urbanistique en Algérie. Théoriquement, les textes sont clairs, mais sur le terrain, la situation est tout autre. L'anarchie urbanistique rend en effet le décor des plus rebutants. Une boulangerie devant un ferronnier, une pharmacie située entre une station de lavage graissage et un mécanicien, une cité dépourvue de boulangerie alors qu'elle compte plusieurs épiceries, une quincaillerie devant une librairie, un fast- food en face d'un atelier clandestin de détergents et bien d'autres exemples encore qui témoignent de cette désorganisation en matière de commerce. Ce dérèglement suscite de multiples interrogations sur l'absence des moyens d'application de la loi sur le terrain. N'y a-t-il pas complicité de l'administration ? Quels sont les critères d'attribution d'un registre du commerce ? Quel est le rôle des collectivités locales dans l'application de la loi ? Parfois, des personnes exercent une activité commerciale sans autorisation. Il suffit de bâtir un petit local au rez-de-chaussée d'une villa pour ouvrir un salon de coiffure ou pour mettre en location ledit local. L'essentiel est d'amasser de l'argent. Peu importe la manière et l'impact sur l'environnement et sur l'aspect esthétique. Il faut dire que l'aggravation du phénomène du chômage a poussé les chefs de famille à penser à l'avenir de leurs enfants en leur construisant des locaux commerciaux qui ne répondent pas, dans la majorité des cas, aux règles en vigueur. Et dire que l'amélioration urbaine est inscrite parmi les priorités du gouvernement, qui, pour rappel, a insisté à maintes reprises sur la nécessité de promouvoir un cadre de vie esthétique et harmonieux. Dans ce contexte, la loi n° 08-15 du 20 juillet 2008 a pour objet de fixer les règles de mise en conformité des constructions mais a aussi pour objectif de mettre un terme aux sempiternels chantiers en cours. Cependant, en matière d'implantation des commerces, les choses tardent à rentrer dans l'ordre. Aucune règle n'est en effet prise en compte pour l'implantation d'un ensemble de commerces et d'espaces destinés à l'usage public, alors que ces derniers doivent être agencés selon les dispositions des instruments d'urbanisme et, surtout, selon les besoins des populations sur les plans, social, économique et culturel. Il y a en fait un déséquilibre flagrant. Ce qui altère le cadre de vie des citoyens. Ce qu'il faut noter, par ailleurs, c'est que les gérants de ces commerces se permettent souvent de changer d'activité sans se soucier des besoins des consommateurs ni du respect de la loi. C'est le cas, à titre illustratif, à chaque approche de Ramadhan et aussi à l'approche de l'Aïd El Adha. Que de fois n'a-t-on vu des épiceries transformées en lieu de vente de bétail en pleine capitale. Que de fois n'a-t-on vu une station de lavage graissage convertie dans la préparation et la vente de pâtisserie orientale (zlabia et qalbellouz) pendant le Ramadhan ! Pourtant, le ministère du Commerce a bien défini les règles régissant les activités commerciales. En vain… S. I.