Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Sous une pluie battante, la foule massée des deux côtés du cours de la Révolution à Annaba attendait avec impatience l'arrivée du candidat-président prévue en cette matinée du 4 avril. Les rafales de vent portaient les grosses gouttes de pluie jusque sous les arcades où se tenaient debout des centaines de citoyens, hommes, femmes, scouts, lycéens, étudiants agitant des portraits ou des drapeaux en scandant des slogans à la gloire de l'Algérie. Des troupes de musique folklorique en habits traditionnels, burnous immaculés et turbans dorés, tambours et «zornas» jouaient en se déplaçant d'un bout à l'autre de la fameuse place, réputée être le cœur battant de la ville. Des cavaliers montés sur des pur-sang arabes, fusils et cartouchières en bandoulière trottaient sur la chaussée, faisant danser leurs montures bercées par cette musique qui leur est habituelle. Un service d'ordre très vigilant, des policiers déployés un peu partout et surveillant tout. La permanence électorale, elle aussi, avait posté ses hommes aux points névralgiques pour parer à toute éventualité. Puis tout s'accéléra, des voitures tous feux allumés dévalèrent le cours de la Révolution à toute vitesse pour s'immobiliser en plein milieu de la chaussée. L'agitation était à son comble, ce fut l'hystérie, des cris, des drapeaux et des portraits qui s'agitent, des applaudissements, des youyous et des coups de feu tirés en l'air par les cavaliers pour saluer l'arrivée du candidat Abdelaziz Bouteflika. On entendait voler de bouche en bouche «Rahou dja !» (il est venu), une marée humaine se pressa contre les barrières tenues solidement par les policiers qui eurent bien du mal à contenir ce nombre impressionnant de citoyens qui voulaient tous saluer le candidat président. Celui-ci descendit de voiture et alla directement vers cette masse, il salua et serra une forêt de mains tendues avant de continuer sa marche pour aller une seconde fois de l'autre côté de la rue et serrer encore d'autres mains. L'homme qui ne put résister à l'appel du public dérouta les services de sécurité qui ne pouvaient à chaque fois deviner de quel côté il allait se déplacer. Il continua ainsi jusqu'à la fin du cours de la Révolution, marchant et saluant sur une distance de près de 1 000 m. A la fin, il fit un dernier salut avant de remonter dans sa voiture et prendre la direction de la wilaya d'El Tarf où il devait tenir un meeting. La foule se dispersa dans le calme et chacun alla vaquer à ses occupations habituelles. Les barrières furent levées une heure après le départ du candidat-président et l'activité reprit comme avant. Pour les citoyens, l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika à Annaba était attendue depuis longtemps, certains apprécient beaucoup le fait qu'il n'ait pas oublié Annaba malgré un programme chargé ; d'autres disent que ce n'est pas assez et ils auraient aimé le voir discourir comme il l'a fait dans d'autres wilayas. «Annaba, c'est une ville importante, nous dit un universitaire, Si Abdelaziz ne pouvait pas ne pas venir, tout le monde l'attendait et on s'est préparé pour son arrivée, nous apprécions beaucoup sa visite mais les Bônois auraient aimé qu'il y tienne un meeting comme l'ont fait les autres candidats, Louisa Hanoune, Moussa Touati, Mohand Oussaïd ou Mohamed Djahid Younsi prévu pour dimanche. On aurait entendu de vive voix les grandes lignes de son programme pour le prochain quinquennat mais nous comprenons qu'il ait un timing à respecter, c'est tout à fait normal pour un responsable.» Un jeune partisan du candidat Bouteflika, visiblement déçu parce qu'il n'a pas pu lui serrer la main, nous confie : « J'étais là à 7h30 et je l'attendais, je me suis mis à la bonne place pour pouvoir l'approcher, lui serrer la main et lui souhaiter la bienvenue à Annaba mais je n'ai pas eu de chance, il allait venir vers nous puis il est allé de l'autre côté, c'est dommage ! Cette visite est très brève, c'est à peine si elle a duré 45 minutes, j'aurais tant voulu qu'il fasse un discours pour montrer à ses adversaires que le tout Annaba est avec lui et que le boycott prôné par certains ne passera pas ici, nous avons fait de notre mieux pour convaincre les électeurs, ce sera un raz de marée, vous verrez jeudi, Annaba aura un taux de participation parmi les plus élevés.» Une femme de l'association AFAD nous confie que, malgré son «bref passage» à Annaba, toutes les femmes connaissent l'homme et les projets qu'il a pour toute l'Algérie, particulièrement pour la femme algérienne. «Il est pour la liberté de la femme, il a fait beaucoup dans ce sens et nous sommes fières de l'avoir une autre fois comme président. A Annaba, toutes les femmes que je connais le soutiennent et nous avons fait beaucoup de travail au niveau des cités et des communes rurales pour faire comprendre à nos sœurs que c'est l'homme qu'il nous faut.»