Photo : Riad Par Amirouche Yazid Au deuxième jour des travaux de la conférence ministérielle sur la recherche pour la santé, les intervenants en plénière confirment la situation alarmante du secteur sur le continent. Le premier point qui a été soulevé hier a trait à l'environnement scientifique dans lequel évoluent les chercheurs africains. Le constat était déjà établi : la région africaine n'offre pas les conditions favorables à la recherche scientifique. Ce qui peut constituer néanmoins une nouveauté, c'est le nombre de docteurs africains ayant accompli leurs études sur le Vieux Continent, mais qui ne reviennent pas exercer dans leur pays d'origine. Le chiffre a été révélé par le docteur Sara Bennett, qui est manager de l'Alliance pour les politiques de santé et la recherche en système santé. «44% des Africains qui préparent le diplôme de doctorat dans les pays occidentaux ne reviennent pas dans leur pays d'origine», a-t-elle déclaré devant les représentants des pays participant à la rencontre d'Alger. Le Dr Sara Benett livre également un détail comparatif : le nombre de détenteurs du diplôme de doctorat, venus du Malawi et installés à Manchester, en Angleterre, dépasse de loin celui des docteurs employés par la Banque mondiale. Pour cette intervenante, «la fuite des cerveaux constitue un danger pour le continent africain qui est dans un besoin pressant de compétences». La cause de cette fuite des cerveaux s'explique-t-elle exclusivement par le problème financier ? «Le problème des salaires n'explique pas, à lui seul, la fuite des compétences des pays du Sud vers les pays du Nord, dans la mesure où l'environnement favorable à l'activité scientifique et à la recherche fait défaut en plus de l'absence de la technologie et de banques de données, ainsi que de la faiblesse des financements destinés à la recherche scientifique», a souligné le Dr Sara Benett. Elle annoncera par la suite que les systèmes régissant les ressources humaines dans cette région n'encouragent pas les chercheurs et n'incitent pas à l'ouverture du champ aux initiatives et aux stratégies susceptibles d'attirer les compétences. L'amélioration de l'environnement scientifique est manifestement l'étape qui permettra au continent africain d'éloigner le péril sanitaire qui le guette. Un objectif qui passe inéluctablement par la mobilisation de moyens financiers en mesure de favoriser la recherche et par la valorisation de l'homme de savoir. Une fois les exigences du secteur, à différents niveaux, maîtrisées, dans chaque pays du continent avec l'intégration perpétuelle des nouvelles technologies, la coopération viendra par la suite consolider les réalisations. La question du financement a été abordée par le Dr Sara Benett, qui a indiqué que la faiblesse des moyens matériels et humains participe fortement à la précarisation du secteur de la santé en Afrique. Elle a annoncé à ce propos que «90% des financements destinés à la recherche scientifique dans le domaine de la santé sont des financements extérieurs».