De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Trilok n'était pas seul sur scène... Mais c'est étrange, on a l'impression que c'est l'orchestre qui accompagne ce percussionniste soliste… Ses musiciens excellaient avec leurs divers instruments sous son ouïe quasi éveillée. Il y avait de la magie dimanche soir sur la scène du TRC ! D'abord par le pouvoir fluide des sons «tzigane, indiens, feeling jazz». Et puis, par ce décor «angélique» dressé par 5 musiciens venus de divers horizons (Japon, Australie, Italie, île de la Réunion, Inde) se réunir autour de cette musique dite «du monde» ! Car évoquer le style, le registre… et même le jazz, irrite quelque peu l'enchanteur de cette médiation rythmée, le percussionniste indien Trilok Gurtu, se produisant pour la première fois dans le cadre de cette manifestation internationale de Dimajazz. «The music is one [la musique n'a qu'une seule signification], c'est les médias qui la sérient… ma musique est anonyme…», devait-il nous préciser après avoir été interrogé sur ces notes agréables que son groupe émettait en parfaite harmonie avec ses battements mélodieux, à la batterie et aux percussions traditionnelles qui le renvoyaient à sa terre natale. Aux baguettes célestes et surtout aux mains créatives, dictées par un large fouillé musical, Trilok qui s'était produit par le passé avec des incontournables stars mondiales, tels John McLaughlin, Dylan, Eric Clapton ou REM, a émerveillé les adeptes de la «true note» en proposant modestement à ce TRC archicomble son dernier album, Massico. Quel est le secret de cette formation ? On n'en saura pas plus que «les artistes choisis répondent à ce que je veux en faire pour coucher de la musique, celle qui résonne dans mon esprit…» a confié encore Trilok. L'archet du violoniste Phil Drummy exhume des airs indiens exécutés à l'unisson avec le saxophoniste australien. Ce dernier, également flûtiste, nous fera par ailleurs découvrir un instrument à vent pas comme les autres que l'on connaît dans un orchestre de jazz. Il s'agit de «didjeridu», appelé aussi «yidaki» ; de forme cylindrique. Cet instrument enrichit davantage les créations sonores du groupe, dominées par des percussions métissées entre le tabla traditionnel et la batterie. Trilok, inépuisable, laisse son talent explorer la nature. Il y émet des sons étranges, mystérieux et relaxants à la fois… tout un arsenal d'instruments jonchait aux côtés de son monde percussionniste. L'émotion était encore grande lorsque l'artiste rendait hommage au fondateur du Dimajazz et ex-batteur de Sinouj, feu Azziz Djemmam. C'est une perle mélodique rare qui sera émise par cet Australien «multi instrumentiste», à l'image d'ailleurs de Suzuki le pianiste. L'harmonica diatonique qu'il soufflait couvrait l'odéon de nostalgie. Plus qu'un hommage mélodieux qui éveille les sens et chavire les âmes amnésiques. Autrement dit, perpétuer les initiatives d'autrui. Trilok aura concocté un récital perceptible, intelligible en dépit d'une complexité à la percussion. C'est là tout le secret de cet indien… planétaire ! «On comprendra un jour peut-être pourquoi le groupe mythique britannique les Beatles effectuait des voyages en Inde. Trilok éclatait de rire… sans interpréter».