Mercredi dernier, l'arrestation à Annaba de l'ex-chef de sûreté d'Oran en exécution d'un mandat d'amener émanant de la cour d'Alger dans le cadre de l'affaire des 3 200 milliards de la BNA a mis au devant de la scène la guerre que mènent les autorités contre la corruption, le trafic d'influence, l'enrichissement illicite et autres fléaux qui rongent la société. Cette affaire, qui a éclaté en 2004, a vu défiler devant la justice du beau monde dont, entre autres, l'ex-commissaire de la sûreté de Koléa, l'ex-directeur de la clinique «Les Glycines» et l'ex-directeur de l'agence BNA de Bouzaréah et appellera à la barre d'autres personnalités qui y ont trempé de près ou de loin. Bien des zones d'ombre restent à éclaircir sur cette escroquerie dont la BNA a été victime et dont les principaux «artisans» sont ceux-là mêmes qui sont censés la préserver de ce type d'arnaque. Sinon, comment peut-on expliquer le fait que près de 32 milliards de DA ont été retirés de 3 agences BNA, en l'occurrence, celle de Koléa, Bouzaréah et Cherchell pour être, ensuite, détournés et permettre à M. Achour Abderrahmane «l'heureux» bénéficiaire d'investir au Maroc avec l'argent volé au contribuable algérien ? La complicité de hauts cadres de la banque ainsi que celle de certaines personnalités influentes n'est plus à démontrer et le tribunal en charge de cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets saura séparer le bon grain de l'ivraie. L'autre affaire pendante et encore sous les feux de la rampe, à Annaba, a vu tomber dans les filets de la justice, un grand ponte du rond à béton et «accessoirement» vice-président de l'APW de cette wilaya, actuellement placé sous mandat de dépôt. Accusé d'évasion fiscale, de détournement de biens du complexe sidérurgique d'El Hadjar, de faux et usage de faux, d'enrichissement illicite et de complicité, M. Hacène Fellah, magnat de la ferraille à Annaba, est toujours incarcéré lui et ses complices en attendant la conclusion de l'enquête qui, là aussi, a éclaboussé plusieurs personnalités très en vue. L'affairisme qui a pris racine et s'est développé au sein de ce complexe, cédé aux étrangers venus soi-disant le sauver de la faillite, est devenu une usine à scandales où l'on fait son «beurre» sur le dos des travailleurs et au détriment du Trésor public qu'on truande à tout-va. L'affaire Grand Smithy Works (GSW), révélée au grand jour, il y a à peine quatre mois est venue ternir encore plus l'image de ce complexe pris dans une tourmente sans précédent. GSW, une entreprise indienne spécialisée dans la récupération des déchets ferreux -comme s'il n'en existe pas en Algérie- fourguait les déchets rejetés par le complexe dans un crassier à l'usine à laquelle elle les revendait au prix fort et comme si cela ne suffisait pas, elle émettait des factures fictives avec la complicité d'agents de sécurité et ceux chargés du contrôle, le directeur de l'unité FERSID étant un complice précieux que la société couvrait de cadeaux. Cette société indienne a puisé dans les fonds du complexe à satiété et n'a pas versé un sou vaillant au fisc. Bien au contraire, des acolytes se chargeaient de convertir le dinar en devises fortes chez des cambistes clandestins établis à la rue Gambetta, devises qui prenaient la direction de l'étranger. Le directeur avait finalement été arrêté par les services de sécurité algériens à l'hôtel Sofitel à Alger. Aujourd'hui, il croupit en prison en attendant son jugement par le tribunal d'El Hadjar. D'autres affaires et pas des moindres sont encore en instruction à Annaba, celles dites des milliards des fonds sociaux des travailleurs du complexe sidérurgique qui, selon nos informations, auraient été dilapidés et auraient servi à certaines personnalités. Dix membres du conseil de participation ont été convoqués pour être auditionnés par le juge d'instruction en charge de cette affaire. Les affaires Shree International, l'entreprise de transport turque EFES, venue «investir» avec des camions de transport et qui a profité des largesses du complexe sidérurgique en la faisant bénéficier d'un contrat très avantageux et à laquelle l'une des banques locales a même consenti un prêt, sont encore en cours et pourraient, elles aussi, révéler bien des malversations et des magouilles par lesquelles se sont «sucrés» certains qui se croient toujours au-dessus de tout.