Les récents succès internationaux en équipe ou en individuel d'athlètes algériens suffisent-ils pour croire que le sport en Algérie est sorti de la phase de déchéance où il a été maintenu pendant des décennies par des politiques arrêtées sans concertation des milieux concernés, des professionnels et des responsables dont le profil ne répondait pas à la gestion d'une petite association sportive du dernier quartier du pays ? Alors, feu de paille ? Les déclarations euphoriques qui ont immédiatement suivi ces exploits donnent-ils à entendre que le sport en Algérie a quitté la zone rouge ? Faut-il rappeler que même les mises en garde et le tableau noir dressé par le chef de l'Etat à Sétif (campagne électorale pour la présidentielle dernière) devant des sportifs d'élite, anciens et nouveaux, invités à suivre son meeting électoral, n'ont pas été suivis d'effet ou de décisions à même d'arrêter les séries noires des échecs répétés des équipes algériennes et de la gabegie qui règne dans la gestion des disciplines sportives. «Où sommes-nous ?» s'est-t-il demandé, s'adressant aux sportifs présents auxquels il rappellera le «déclin, le business et la corruption» de tous les sports et la violence «terrorisme des stades», qui a pris place partout dans les enceintes sportives et alentour. Si les conclusions du chef de l'Etat ne sont pas mises en valeur à travers des résolutions radicales de changement des sphères directionnelles du sport en Algérie, que peuvent alors des présidents de club et d'association sportive qui souffrent le martyre pour encadrer des jeunes et les sauver de tous les fléaux sociaux qui gangrènent la société ? A l'image des autres secteurs et domaines d'activité sur tout le territoire, le sport est victime d'une absence de politique basée sur la compétence et la stabilité des groupes dirigeants. Alors, il vaut mieux ne pas se perdre dans les nuages en prenant les performances sporadiques de quelques sportifs ou disciplines pour des signes de bonne santé du sport en Algérie. Cela dit, des résultats et des succès flamboyants méritent des encouragements rien que pour la persévérance et l'abnégation de leurs auteurs qui évoluent dans des conditions bien souvent déplorables et un manque d'égards à la limite du dédain de la part des autorités. Les victoires en football de la bande à Saadane dont l'écrasante composante de l'effectif évolue dans des championnats professionnels à l'étranger et les seize athlètes médaillés algériens aux 16èmes Jeux méditerranéens de Pescara (Italie), leurs directions respectives et leurs staffs techniques font partie de ces exceptions extraordinaires donnant de la joie aux supporters mais qui cependant cachent mal le malaise qui ronge le secteur depuis le début des années 1980. Dans cette catégorie rare, les médaillés de ces JM originaires de la wilaya de Tizi Ouzou ont été «honorés» par les responsables locaux lors d'une cérémonie officielle. Les Hadid Kahina, Azzoune Ahcene (judo) et Daïd Sofiane (natation), champions d'Afrique, ont été récompensés. D'autres sportifs de haut niveau de la région de Kabylie, comme Hamani, Kebbab, Leila Latrous et Rachida Ouardene, ont aussi brillé cet été avec des résultats faussant les pronostics les plus enclins au défaitisme et dépassent de loin les moyens matériels dont ils disposent. L'équipe algérienne juniors/dames de handball drivée par le jeune entraîneur Mourad Aït Ouarab figure parmi les satisfactions exceptionnelles du sport en Algérie de ces derniers mois avec à la clé des titres de championnat d'Afrique et au niveau international. La même équipe vise le podium aux Championnats d'Afrique de handball de 2012. Deux autres noms sont à retenir pour avoir marqué l'actualité sportive. Il s'agit de Nabil Hamani, 21 ans, champion d'Afrique à Abidjan (Côte d'Ivoire), dans la spécialité de yoseikan budo. Ce jeune qui évolue sous les couleurs de l'Etoile sportive de Draa El Mizan (ESDEM), wilaya de Tizi Ouzou, petit club qui promet beaucoup dans une région entièrement pauvre et déshéritée en infrastructures, compte réaliser un autre exploit lors des Championnats du monde de 2010 en Suède. La deuxième révélation sportive est Belkacem Amarat de M'Kira, sud de Tizi Ouzou, qui a décroché deux médailles d'or au tournoi international des arts martiaux chinois (75 kg) en mai dernier lors d'un tournoi international à Orlando (Floride) aux Etats-Unis d'Amérique. La prise en charge des frais du voyage aux Etats-Unis et du séjour a été effectuée par son entourage familial et un élu APC. «Ni la wilaya, ni la DJS, ni la fédération, encore moins le ministère n'ont osé l'encourager ; pourquoi le blocage sans motifs valables de sportifs honorant dignement notre pays», s'est-il interrogé en s'adressant à un confrère. L. S.