Il n'y a jamais eu autant de lois dans notre pays en matière de circulation routière. Des lois qui souffrent d'un manque d'application. Le gouvernement vient d'adopter un arsenal répressif d'une rare ampleur dans le but de freiner l'hécatombe. Avec plus de 4 000 victimes annuellement des accidents de la route, l'Algérie est l'un des pays où l'on risque le plus sa vie au volant et sur la route en tant que piéton. Nos routes n'ont jamais été aussi meurtrières que ces dernières années, faisant de plus en plus de morts, de blessés, de personnes estropiées, paralysées à vie… Pour arrêter ce génocide routier, l'Algérie passe à plus de fermeté pour sanctionner les contrevenants. Il n'y aura désormais aucune clémence envers ceux qui font des excès de vitesse ou toute autre infraction, selon le nouveau code de la route. Qu'on en juge. Des amendes et des peines d'emprisonnement sont prévues et le système du permis à points sera instauré. A titre d'exemple, dans le nouveau code de la route, la sanction est passée de 1 mois à 3 mois de suspension du permis avec une amende de 2 000 à 4 000 DA pour la non-utilisation du casque, de la ceinture de sécurité et pour l'usage du portable au volant. L'amende quant à elle est portée de 10 000 à 50 000 DA pour ce qui est de l'excès de vitesse. De même, le conducteur contrevenant perd des points en fonction du nombre de fautes qu'il commet. Ainsi, son permis lui sera définitivement retiré, après 12 ou 16 points perdus. Mais un code de la route plus sévère suffit-il à arrêter le massacre sur nos routes ? Il est permis d'en douter, sachant que les mesures répressives prises ces dernières années n'ont rien donné. Les différentes mesures coercitives n'ont pas réussi à dissuader les chauffards. Aucune n'a, semble-t-il, réussi à venir à bout de la folie meurtrière des automobilistes qui usent de leurs bolides comme d'une arme à tuer. Il ne se passe pas un jour sans que l'on enregistre des accidents monstrueux qui mettent fin à des vies et endeuillent des familles entières. Des jeunes à la fleur de l'âge, des enfants et des familles sont emportés par la folie de conducteurs avides de sensations. Le terrorisme routier ne peut pas être réglé par un code de la route durci, mais plutôt par un changement des mentalités. Même en France où le permis à points existe, on constate une nette augmentation des accidents alors qu'en Finlande, avec un code souple, les gens roulent à moins de 80 kilomètres même en dehors des villes. Nul ne doit être au-dessus des lois. Pour être crédible, un code de la route doit être appliqué par tous, sans exception. Il est temps que les dispositifs de sécurité routière prennent toute leur place dans notre mode de vie. L'insécurité routière n'est pas une fatalité. Les accidents de la route ont des causes scientifiquement identifiées sur lesquelles il demeure encore possible d'agir avec efficacité. Seule une action cohérente et équilibrée, qui tiendrait compte d'aspects liées à la prévention, à la formation, au contrôle et à la répression sera à même de porter ses fruits. A. B.