C'est l'été. Une saison propice pour les citoyens de se rendre soit à la mer, soit à la campagne. Dans les deux cas de figure, ils doivent se protéger du soleil et des ultraviolets afin d'éviter les vieillissement précoce et le cancer de la peau. Pour ce faire, les consommateurs se ruent sur les produits cosmétiques comme les «écran total, huile de bronzage, crème protectrice». Jusque-là, rien d'anormal. Sauf qu'il suffit de faire un tour dans les magasins de cosmétiques ou encore dans les différents marchés de la capitale pour se rendre compte de l'ampleur de la contrefaçon. Même les produits locaux font l'objet d'imitation. Nassima est une férue de produits cosmétiques. Elle prend soin de sa petite personne, parfois jusqu'à l'excès. Aussi, ayant projeté de passer ses vacances au bord de l'eau, elle a décidé de s'approvisionner en conséquence de produits protecteurs contre les rayons ultraviolets, mais aussi (parce qu'elle compte bien rentrer bronzée) d'huiles de bronzage. Rencontrée dans un marché de la capitale, elle négociait avec le vendeur une crème «écran total» qui coûte 4 000 DA. «Je préfère payer plus cher plutôt que d'acheter un produit portant la même marque mais, en fait, imité et contrefait», nous dira-t-elle non sans conseiller aux clientes présentes de ne pas s'aventurer à acheter telle ou telle crème. «J'ai déjà fait l'expérience des produits imités. J'en ai vraiment eu pour mon argent, précise-t-elle en nous invitant à bien regarder son visage plein de petits boutons en dessous de la peau. C'est les conséquences d'une pommade protectrice que j'ai achetée à moins de 200 DA et qui porte le nom d'une marque française de renommée. A l'époque, je ne connaissais pas la signification de la contrefaçon et j'étais loin de me douter que cela pouvait se faire dans les produits destinés à la peau.» Chat échaudé craint l'eau froide. De cet adage, Nassima a fait sa devise. Et depuis, elle fait en sorte de tout lire sur les boîtes. «Je m'intéresse y compris à la composition chimique. Grâce à Internet qui m'a permis de consulter des sites sur le sujet.» Des Nassima, il n'y en a pas beaucoup. L'analphabétisme, à ne pas confondre avec l'illettrisme, bat son plein chez les consommateurs en matière de vigilance. On achète tout et n'importe quoi, pourvu que ce soit du «made in». C'est valable à plus d'un titre pour les produits cosmétiques et particulièrement ceux prisés en été. Exposées en plein soleil, des multitudes de marques se bousculent sur les étals. Même les produits qui ne sont pas contrefaits n'en sont pas moins douteux. En ce sens que les dates de péremption sont falsifiées ou sciemment illisibles. Dès lors, les consommateurs n'y voient que du feu. L'insuffisance de contrôles, notamment sur les marchés, l'absence d'une législation spécifique font que l'acheteur est livré à lui-même. Beaucoup d'efforts ont été faits par les services des Douanes, mais cela reste en deçà des exigences en la matière. En 2007, les services de l'institution dirigée par M. Bouderbala ont procédé à une trentaine d'interventions de répression de la contrefaçon. 8,05% des 1 684 983 articles saisis sont des cosmétiques. Toutefois, beaucoup de produits cosmétiques liés à la protection de la peau en été, notamment, passent entre les mailles du filet. Les consommateurs devront y mettre du leur en usant de vigilance et de perspicacité, en n'oubliant pas que tous les moyens sont bons pour certains importateurs de se constituer des fortunes au détriment de la santé des citoyens. Cela en attendant que le ministère du Commerce procède au renforcement de ses ressources humaines et que l'intersectorialité fonctionne de manière régulière. F. A.