Un observatoire devra être créé au niveau des deux parcs nationaux du Tassili N'Ajjer (Djanet) et de l'Ahaggar (Tamanrasset) pour la préservation du patrimoine culturel targui, ont annoncé des anthropologues participant à une journée d'étude sur le patrimoine immatériel organisée en marge du 2ème Festival culturel de la chanson et de la musique targuies à la maison de la culture Othmane Bali d'Illizi. Cet observatoire ambitionne de préserver la musique et le chant traditionnels targuis qui peuvent se développer grâce à l'ouverture sur d'autres cultures et aux apports de ces dernières, apports qui sont facilités par le développement du tourisme dans ces régions et des technologies de communication. Mais le développement de cette culture ne devra toutefois pas la couper de ses racines.«Aujourd'hui, la musique targuie s'insère dans un cadre d'éco-tourisme, et la plupart des musiciens et artistes perçoivent des ressources financières à travers l'activité musicale», ont souligné des spécialistes cités par l'APS. Pour Zendri Abdenabi, chercheur et enseignant universitaire, «la musique de l'imzad [violon monocorde traditionnel] est de retour sur la scène musicale nationale et internationale, après avoir été délaissée». Grâce à l'association «Sauver l'imzad» dans l'Ahaggar, une école a été créée pour la préservation de cette musique ancestrale, et une quinzaine de jeunes filles y apprennent la pratique de l'instrument de l'imzad. Avec, entre autres, les activités culturelles chez les Kel Tintarabine à Tazrouk, dans la wilaya de Tamanrasset, et l'association «Tassili N'Ajjers» à Zouatnellaz (Bordj El Haoues) dans la wilaya d'Illizi, une nouvelle génération de jeunes s'emploie à marquer du sceau de la nouveauté et de rythmes occidentaux la musique targuie afin de mieux l'exporter, a estimé M. Zendri. «Cela permet la continuité de la musique et la préservation du patrimoine musical des hommes bleus», dira-t-il. En effet, plusieurs instruments musicaux modernes ont été introduits aux côtés des instruments anciens, avec des textes tout aussi anciens, ce qui a permis à la musique targuie de se tailler une place de choix sur les scènes nationales et internationales. «Comme toute tradition orale, la musique targuie authentique a joué un rôle important dans la promotion du tourisme et de la culture dans le Grand Sud […]. L'urgence aujourd'hui est de trouver des mécanismes de protection de ce patrimoine immatériel», explique M. Zendri qui défend l'idée de continuer à préserver la transmission orale et l'habit traditionnel à travers l'incitation des jeunes à s'abreuver de la source que sont les artistes et l'utilisation des moyens modernes, tels que l'enregistrement, afin de pouvoir conserver l'âme de la musique targuie. R. C.