Elles sont les nouvelles garantes des valeurs nationales. Elles contribueront à orienter, éduquer, conscientiser les femmes dans les mosquées et à travers des campagnes de sensibilisation. Elles, ce sont les mourchidate. Des imams au féminin. «Au début, elles étaient 25. Actuellement, elles sont au nombre de 200 et une campagne de recrutement de 30 autres débutera en septembre prochain» a annoncé avec enthousiasme hier M. Bouabdallah Ghlamallah. En marge du colloque de deux jours, organisé à partir d'hier à Dar El Imam de Mohammadia (Alger), le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a affirmé vouloir disposer d'autant de mourchidate que de mosquées. «Elles [les mourchidate] sont présentes dans toutes les wilayas. Nous voudrions qu'il y en ait dans chaque mosquée. Mais actuellement nous n'avons même pas un imam dans chaque mosquée», a indiqué le ministre. Organisé sous le thème «l'orientation religieuse et la condition féminine», le colloque se veut un point de rencontre avec ces mourchidate. Le rôle d'orientation et de sensibilisation étant éminemment sensible et délicat, les prédicatrices devront justifier d'un diplôme universitaire. «Généralement, elles sont issues de la branche des sciences islamiques. En plus, elles suivent une formation spécifique», a précisé le ministre. De son côté, la ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine, Mme Nouara Saadia Djaafar, présente au point de presse, a loué l'initiative, particulièrement au regard des diverses influences que subit la société algérienne par certains courants idéologiques. «L'Algérie est leader dans la formation des mourchidate. Notre expérience précède celle du Maroc. Ces femmes vont contribuer à lutter contre l'analphabétisme et à orienter les femmes à prendre les bonnes décisions. Et cela en respectant l'esprit de notre islam. Celui de la tolérance et de l'ouverture d'esprit», a-t-elle soutenu. Sur les transformations qu'a connues la société algérienne, Mme Nouara Djaafar, a estimé que la famille algérienne a gardé ses principes. Difficilement, mais elle n'a pas perdu ses repères. «Il est vrai que le phénomène de la famille cellulaire prend de d'ampleur, mais les grandes familles avec les grands-parents existent toujours. Une étude réalisée dernièrement révèle que 93% des personnes interrogées ont répondu qu'elles ont des difficultés à élever leurs enfants.» Une révélation que la ministre déléguée a tenté de minimiser en affirmant que cela n'implique pas que la société a perdu ses repères. Par ailleurs, Mme Nouara Saadia Djaafar a informé qu'un nouvel organigramme pour le ministère va permettre la création d'un ministère indépendant de la famille. «Actuellement, nous sommes en plein dans la conception d'une stratégie pour la famille. Nous souhaitons que des centres d'orientation de celle-ci [la famille], sous la coupe du ministère des Affaires religieuses et de celui de la Solidarité nationale, soient répartis à travers le territoire national. Il faut une stratégie efficace pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et changer les mentalités dans la société.» Dans ces propositions, la ministre déléguée prône l'intégration dans les nouvelles cités de commodités pour les enfants, notamment des crèches. «Les femmes sont plus nombreuses dans le marché du travail (environ 17%). Or, il y a un manque en crèches et en éducatrices qualifiées», constate-t-elle. Profitant de la rencontre et des questions des journalistes présents, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a tenté d'éclaircir plusieurs interrogations relatives à son secteur. Ainsi, au sujet de l'augmentation des prix du hadj, M. Ghlamallah a expliqué que «c'est le marché qui détermine les tarifs». «Le coût du hadj revient à 29 millions de centimes.» Donnant plus de précisions, il a révélé que «l'hébergement à La Mecque coûte 102 000 DA, à Médine 23 000 DA, les droits, 20 000 DA, la solde du hadji, 46 000 DA. Le tout avoisine les 192 000 DA. Le billet d'avion est inclus entre 92 800 et 93 500 DA». Au sujet des contributions de l'Etat, celui-ci «offre 10 000 DA pour chaque pèlerin 6 000 DA en aide pour l'hébergement et 4 000 pour la nourriture et autre. Cette année, le hadj a connu une majoration de 7 millions de centimes. L'Etat a amorti cette augmentation de 50%». Interrogé sur les campagnes menées par certains médias et responsables étrangers quant à la loi fixant la pratique d'un culte autre que musulman en Algérie, le ministre a répondu que toute loi doit être respectée. S. A.