Le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), réuni mercredi dernier à Doha (Qatar) en session ordinaire, recommande une corrélation objective entre les prix du gaz et ceux du pétrole. C'est l'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, qui en a formulé le souhait en premier. Il part d'un constat connu de tous les spécialistes : une détérioration des prix du gaz. Après la sévère baisse des prix du pétrole et du gaz, la hausse qu'ont connue les prix du pétrole cette année n'a pas été suivie d'une amélioration des prix du gaz, et nous espérons que cette situation sera seulement temporaire, a déclaré l'émir à Doha. La physionomie des marchés gaziers fera certainement l'objet d'analyses et de discussions au sein du FPEG. L'émir du Qatar se veut ouvert au dialogue, appelant à «l'intensifier» entre producteurs et importateurs et à ne pas prendre de décisions unilatérales. Sera-t-il écouté cependant ? Tout comme sur les questions pétrolières, les pays consommateurs ne semblent pas disposés à discuter des prix du gaz. Et la situation des marchés ne va pas tourner à l'avantage des pays producteurs dans l'immédiat. Le gaz continue à ne pas être traité équitablement quand il s'agit de fixer les prix des carburants. Les prix du pétrole ont frôlé les 150 dollars le baril en 2008 avant de chuter à trente-quatre dollars fin décembre 2008. En septembre dernier, l'OPEP avait maintenu ses quotas de production, estimant que la demande mondiale allait rester faible dans les prochains mois. Depuis quelques semaines, les cours du brut se sont repris pour atteindre les quatre-vingts dollars, le baril. Les prix du gaz, eux, sont restés bas, alors que les consommateurs ont réduit leur consommation. Mais, concrètement, comment va s'y prendre le FPEG pour permettre aux prix du gaz d'évoluer dans une fourchette raisonnable ? Va-t-il changer d'unité de mesure, de calcul ? Cette question sera probablement débattue en Algérie, à l'occasion de la 10e session du FPEG prévue pour le 19 avril 2010. Ce forum réunit, pour l'instant, douze pays membres, dont la Russie, premier producteur mondial de gaz, l'Iran, le Qatar, l'Algérie et le Venezuela. Lors de la 9e session au Qatar, il a élu comme secrétaire général le premier vice-président de la compagnie russe Stroytransgaz, Leonid Bokhanovsky. Celui-ci prendra ses fonctions à partir du 1er janvier 2010. Trois autres pays ont un statut d'observateurs. Le Forum des pays exportateurs de gaz a fait parler de lui ces derniers mois, les pays consommateurs craignant qu'une telle structure n'ait de l'influence sur les prix du gaz. C'est en décembre 2008 que le FPEG a pris une forme officielle, c'était à l'occasion d'une rencontre tenue en Russie. Il était jusqu'alors une organisation informelle, fondée en 2001 à Téhéran, dont les membres se réunissaient une fois par an. Le Qatar, qui a des réserves de gaz naturel évaluées à plus de 25 000 milliards de m3, ce qui le classe au 3e rang mondial après la Russie et l'Iran, abrite le siège de cette organisation. Des pays consommateurs l'appellent officieusement «l'OPEP du gaz». Y. S.