Lors d'une visite inédite du président Vladimir Poutine à Doha, lundi dernier, le Qatar et la Russie ont insisté sur l'importance de la coordination entre pays producteurs de gaz, tout en repoussant à avril l'examen d'un éventuel “cartel du gaz” s'inspirant du modèle de l'Opep. Interrogé sur l'idée de la création d'une "Opep de gaz", suggérée récemment par l'Iran, M. Poutine a déclaré, lors d'une conférence de presse faite à Doha: "Qui a dit que nous avions rejeté l'idée de créer un cartel du gaz ? Nous n'avons rien rejeté. J'ai dit que c'était une proposition intéressante". Il a également, ajouté, "Est-ce que nous allons créer ce cartel? Est-ce qu'on en a besoin? C'est une autre discussion, tout cela", en affirmant, que son pays participerait à "la conférence sur le gaz qui se tiendra au Qatar en avril prochain”. En se reportant à des propos récents de M. Poutine selon lesquels un tel cartel ne se ferait pas, le commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, s'était dit inquiet, jeudi, de l'éventuelle création d'un cartel gazier. Dans ce sens, Le ministre russe de l'Energie, Viktor Khristenko, avait lui aussi rejeté le 6 février dernier, cette idée, la qualifiant de "fruit d'une imagination exaltée". Répondant à ses déclarations, M. Poutine a déclaré à Doha, que "dans ce secteur, la coordination est extrêmement importante". Il a ajouté, aussi : "Certains disent que puisque nous sommes producteurs gaziers, nous sommes évidemment concurrents. Mais les professionnels comprennent que les marchés dans le secteur gazier sont séparés, Quant à la coordination, il est important de nous comprendre mutuellement, de coopérer, de travailler à des approches communes pour la création de conditions unifiées pour les consommateurs", puis il a poursuivi, "nous en avons parlé avec l'émir (du Qatar) et estimons tous les deux qu'il ne faut pas répéter les erreurs commises par d'autres cartels du même type". Pour sa part, l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, a affirmé s'être "mis d'accord avec le président Poutine sur la réunion des pays exportateurs de gaz", ajoutant que ces pays examineront lors de la conférence de Doha "si un quelconque cartel des pays exportateurs devait être créé". Ces pays doivent "discuter profondément des questions qui les intéressent", a ajouté l'émir, dont le pays ambitionne de devenir le premier exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) dès 2010 avec une production annuelle de 30 millions de tonnes. Il faut rappeler, aussi, que le 5 février dernier, le ministre qatari de l'Energie, Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, interrogé sur des propos de M. Poutine jugeant "intéressante" l'idée d'une "Opep du gaz", avait déclaré qu'"il n'y a pas lieu à la création d'une telle organisation car le gaz est différent du pétrole". Sur le plan politique, l'émir du Qatar a apporté son appui à l'idée d'une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient, suggérée dès avril 2005 par M. Poutine et relancée la semaine dernière par Moscou. L'émir s'y est dit favorable, estimant que la région "a besoin d'une assistance étant donné la tension" qui y prévaut. Il faut dire aussi que la Qatar, qui est un petit pays du Golfe mais qui est membre également de l'Opep, est classé au troisième rang mondial, après la Russie et l'Iran, pour ses réserves de gaz naturel, évaluées à plus de 25 000 milliards de m3.