Photo :S. Zoheir Par Salah Benreguia Pourtant, côté du gouvernement, le développement des exportations hors hydrocarbures en Algérie est au cœur des principales préoccupations. Si la balance commerciale est à présent excédentaire elle est due uniquement aux exportations d'hydrocarbures, qui représentent, pour rappel, pas moins de 97% du volume total. A fin d'octobre de l'année en cours, les exportations hors hydrocarbures ont légèrement dépassé 900 millions de dollars, représentant ainsi 2,5% du total des exportations alors que, durant la même période de référence de l'année dernière, le montant avait atteint 1,6 milliard de dollars. Soit près de 2,42% du total des exportations. Cette tendance baissière, qui ne reflète guère les aspirations et les politiques mises en place pour la promotion des exportations, est enregistrée sur tous les produits exportés, hormis les biens de consommation. Ces derniers ont connu, en effet, une hausse de 46%, passant ainsi de 27 millions à plus de 45 millions de dollars durant la même période de référence. Si certains produits exportés vers l'Union européenne bénéficient d'avantages référentiels tels que les produits agricoles, frais et produits transformés et ce, dans le cadre de l'accord d'association, il n'en demeure pas moins que le volume global des exportations hors hydrocarbures a également accusé une baisse très significative. Soit près de la moitié ! En termes chiffrés, nos exportations vers ce continent, le principal partenaire de l'Algérie au demeurant, ont baissé cette année de l'ordre de 57,2%. Soit 696 millions de dollars durant le premier semestre de l'exercice 2008 contre 289 de la même période de référence en 2009. Pour ce qui est des xportations algériennes vers les pays de la grande zone arabe de libre-échange, elles avoisinent les 1 045 millions de dollars durant les 10 premiers mois de l'année en cours, alors que, pour le compte de la même période de l'exercice passé (2008), elles dépassaient les 1 913 millions de dollars. Donc, l'Algérie a accusé une baisse de ses exportations de l'ordre de 45%. Les avis des spécialistes, experts, et même ceux de divers responsables, convergent : la politique de promotion des exportations hors hydrocarbures est visiblement vouée à l'échec. En effet, en dépit des mesures prises en grande pompe par les différents gouvernements, l'économie algérienne demeure fatalement mono-exportatrice. Pis, l'Algérie, dont les performances commerciales dépendent exclusivement des recettes des hydrocarbures, n'arrive toujours pas à se dégager du fardeau des énergies fossiles. Où se situe la responsabilité ? Le gouvernement doit-il assumer seul l'échec d'une politique censée changer le mode économique de l'Algérie ? Nos entreprises sont-elles également «coupables» de ne pas être à la hauteur des attentes ? Les mesures prises par le gouvernement sont-elles suffisantes, ou carrément à côté de la plaque ? Les responsables à la tête des institutions étatiques sont-ils capables de relever véritablement le défi dans cette bataille qui est de ne plus dépendre des recettes de l'or noir pour enregistrer des meilleures performances commerciales dans la région du Maghreb ? D'autant que notre pays recèle des ressources naturelles et dispose d'une façade maritime de l'ordre de 1 200 km. Autant de questions et bien d'autres qui reviennent logiquement à chaque fois que ces chiffres sont publiés. Les spécialistes en la matière indiquent que la baisse des exportations hors hydrocarbures, est l'un des dommages collatéraux de la faiblesse, voire l'absence totale de la production industrielle de qualité (elle représente moins de 5% du PIB). Alors que l'Algérie possède des potentialités énormes, la part des produits alimentaires reste marginale, ajoutent d'autres. Selon l'Algex, le nombre d'importateurs avoisine 40 000 alors que celui des entreprises exportatrices ne dépasse pas 400. «Les 400 entreprises qui exportent de manière régulière méritent un encadrement et un accompagnement de la part des pouvoirs publics afin de promouvoir leurs produits à l'extérieur», selon M. Benini, le premier responsable de cet organisme. Du côté des chefs d'entreprise, rencontrés lors des «Rencontres professionnelles de l'export 2009», organisées la semaine dernière par le programme Optimexport, la volonté de rendre leurs produits accessibles sur le marché international est plus qu'affichée. «Mais elle nécessite un accompagnement de la part des pouvoirs publics» ajoutent-ils plus loin. Surmonter les difficultés, aider les entreprises, les former et, surtout, les accompagner dans le processus de leur développement sont de mise. Les entreprises algériennes, à l'instar de ce qui se passe à l'étranger, doivent s'initier aux programmes de mise à niveau. Dans notre pays, en plus des divers programmes chapeautés par l'Union européenne, celui de l'Optimexport vient à point nommé. «Le programme Optimexport peut apporter son soutien aux entreprises algériennes en leur donnant de bonnes pratiques et des expertises internationales. La rencontre d'aujourd'hui [la semaine dernière, ndlr] se fait, par exemple régulièrement au niveau d'Ubifrance. Les rencontres d'Optimexport ont un cachet international, en ce sens que d'autres organismes étrangers participent à ce genre de rencontres. C'est comme cela que Litchi fait des rencontres italiennes», nous a indiqué Marc Martinon, chef du projet du programme Optimexport et représentant d'Ubifrance en Algérie. Le premier responsable de ce projet, doté pour rappel d'une enveloppe financière de 2 millions d'euros, a mis l'accent sur la nécessité pour les entreprises algériennes de travailler par «réseautage» ou Networking. «Il s'agit de la manière la plus intéressante de leur donner une possibilité de travailler avec des outils beaucoup plus importants. Autrement dit, aujourd'hui on n'a plus de temps à perdre, on privilégie les contacts directs afin de débattre des thèmes techniques (logistiques) et de marketing, tels que la communication et, en parallèle, on a organisé des ateliers de débat autour de la fiscalité douanière et de solvabilité des clients», expliquera-t-il. Les pouvoirs publics algériens ont-ils joué leur rôle dans la promotion des exportations ? Les mesures prises jusque-là sont-elles encourageantes et suffisantes ? La réponse de ce spécialiste est sans appel : «Non, elles ne sont jamais encourageantes et suffisantes.» D'abord, explique-t-il, l'Algérie a accusé un immense retard, donc, forcément, les mesures ne sont jamais suffisantes.