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Pourquoi Obama ne peut-il imposer sa vision pour une paix durable au Proche-Orient ? Washington a encore échoué dans sa tentative de relancer le processus de paix
La tournée proche-orientale de l'émissaire spécial américain dans la région, George Mitchell, s'est achevée sur un refus de l'Etat hébreu et de l'Autorité palestinienne à reprendre les négociations de paix. L'acharnement de Tel-Aviv à poursuivre sa politique de colonisation, malgré les pressions accrues de la communauté internationale, est à l'origine du blocage qui mine depuis des mois les rapports israélo-palestiniens. D'un côté, le gouvernement de Benjamin Netanyahu tente de faire croire en sa volonté d'instaurer la paix dans la région, d'un autre, ses bulldozers grignotent des surfaces de plus en plus importantes de terrains appartenant au peuple palestinien. Pourtant, les termes des accords d'Oslo qui n'ont jamais été appliqués ont été très clairs à ce sujet. Les Israéliens devaient se retirer définitivement de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza dans un délai maximum de cinq ans. Si la bande de Ghaza est revenue totalement dans le giron de l'Autorité palestinienne, ce n'est pas le cas de la Cisjordanie et d'El Qods-Est où les sionistes ne veulent pas lâcher prise et continuent de faire pousser de nouveaux bâtiments et de nouvelles cités et villages. Pis, Tel-Aviv a entamé la construction des murs en béton et en grillage, empêchant des Palestiniens désarmés d'accéder à leurs terres et à leurs puits, situés de l'autre côté de ces barrières de l'apartheid. Expropriés de leurs terres, les Palestiniens se sont vu aussi interdits de la source la plus vitale : l'eau. L'or bleu constitue en fait dans cette zone de la planète un enjeu stratégique de taille. La guerre autour du contrôle des ressources hydriques apparentes ou souterraines a accéléré le processus de colonisation israélienne dans la région et a suscité de nouvelles tensions avec la Palestine, le Liban et la Syrie, pour ne citer que ces trois pays, en conflit permanant depuis des décennies avec l'Etat sioniste. Soutenu politiquement et financièrement par la Maison-Blanche, Israël a déployé des moyens militaires, logistiques et financiers pour s'assurer le contrôle de cette richesse afin d'entretenir aussi bien son industrie et son agriculture que sa population dont une partie est plutôt favorable à la cohabitation de deux Etats sur une même terre. Mais cette idée de deux Etats semble faire peur à une classe politique israélienne qui trouve en la guerre sa raison d'être et la source même de la survie de l'Etat juif. Mais pourquoi un pays aussi minuscule qu'Israël peut-il damer le pion à ses voisins arabes sans que la communauté internationale, représentés par l'organisation des Nations unies, puisse agir en faveur du peuple palestinien qui vit exilé et sous la menace constante des bombes sionistes ? La réponse n'existe pas seulement dans le caractère violent, expansionniste et raciste de l'Etat israélien. L'impunité dont bénéficie Tel-Aviv n'est pas non plus le fait du soutien de certaines capitales occidentales qui recourent à maintes fois au droit de veto lorsque le Conseil de sécurité de l'ONU s'entend à adopter des sanctions à l'égard du gouvernement hébreu. Des visées économiques, celles relatives au contrôle des richesses pétrolières et gazières dans toute la péninsule Arabique, le contrôle des voies d'acheminement de ces mêmes ressources dans cette zone qui intègre aussi la Turquie, le golfe Persique et la mer Rouge, font que les Etats-Unis en premier lieu et d'autres pays comme la Grande-Bretagne ne peuvent pas aller plus loin que des menaces verbales à travers des discours creux qui calment les Arabes, d'une part, et offrent de faux espoirs aux Palestiniens, d'autre part. La région du Proche-Orient est considérée comme une zone pivot sur le plan géostratégique pour contrer l'influence de la Russie et resserrer l'étau autour de l'indomptable République islamique d'Iran qui est injustement montrée du doigt comme une menace nucléaire pour l'avenir du monde. Sur un autre plan, on assistera, selon des analystes, à la décapitation de toute cette région en de micro-Etats qui facilitera, à moyen terme, la concrétisation du fameux projet de création du Grand Moyen-Orient, incluant l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte), pour diminuer également le poids de l'Union européenne dont certains pays sont ouvertement contre la politique génocidaire d'Israël. En somme, les Etats-Unis ont besoin de l'Etat sioniste pour étendre leur influence dans cette partie instable du monde, et Israël a aussi besoin du soutien des Américains pour écraser toute résistance et écarter tout danger menaçant son avenir. Ce soutien mutuel interdit donc à l'administration Obama de mettre en œuvre de sérieuses sanctions pouvant chasser les colons israéliens des terres palestiniennes, fertiles et riches en ressources hydriques. Les Palestiniens sont conscients d'une telle situation mais ils n'ont ni les moyens humains et financiers ni le soutien diplomatique nécessaire pour contraindre Washington à revoir sa copie et trancher en leur faveur. L'influence du lobby politico-financier juif au sein des institutions économiques et politiques états-uniennes rend la proclamation d'un Etat palestinien libre, fort et souverain plus difficile, voire impossible pour certains Palestiniens en proie au désespoir. Pour les observateurs avertis de la scène politique internationale et les spécialistes de la question du processus de paix au Proche-Orient, l'échec de la tournée régionale de George Mitchell n'est pas une surprise. Il était plus qu'attendu si l'on se fie seulement aux récentes déclarations des deux parties concernées par ce conflit, et qui ont campé sur leurs positions initiales concernant la lancinante question du gel total ou non de la colonisation en Cisjordanie et à El Qods occupées. Et tant que les dissensions inter-palestiniennes du Fatah et du Hamas persistent, Benjamin Netanyahu continuera à refuser de se soumettre aux exigences de Mahmoud Abbas. Quant à George Mitchell, ses tournées serviront d'autres intérêts que ceux œuvrant à l'instauration d'une paix durable. L. M.