Mourad Medelci ne mâche pas ses mots, même quant il reçoit un émissaire américain. Profitant de la visite en Algérie de la sous-secrétaire d'Etat américaine au Proche-Orient, Janet Sanderson, le ministre des Affaires étrangères a réitéré hier la déception de l'Algérie qui refuse «la politique de deux poids, deux mesures» des Occidentaux, essentiellement des Américains, dans ce qui est devenu une liste de «pays à risque». Devant l'émissaire américaine, il a indiqué avoir réitéré le «refus de l'Algérie de voir les méthodes utilisées par certains pays pour assurer leur sécurité correspondre à une politique de deux poids, deux mesures». Parmi ces pays, deux se sont distingués : il s'agit des Etats-Unis d'Amérique et de la France. Le premier a répondu, même de manière sibylline, «à la position algérienne», même si le nom de l'Algérie n'a toujours pas sauté de la fameuse liste noire des pays à risques. Quant au deuxième, ses responsables continuent à nourrir le mystère jouant à l'autruche, même si la gêne a atteint son paroxysme, y compris chez un chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, d'habitude adepte de diatribes les plus détestables en diplomatie. La gêne américaine, quant à elle, est beaucoup plus visible, y compris chez Janet Sanderson, qui connaît très bien notre pays pour y avoir séjourné pendant trois ans en tant qu'ambassadrice (2000-2003). Hier, elle a encore une fois soutenu qu'elle est consciente de «la position du gouvernement algérien». Une position qu'elle s'attachera, précise-t-elle, à transmettre à son gouvernement à Washington. Il faut dire que cette affaire a constitué un sérieux couac dans les relations entre deux pays, partenaires dans la lutte contre le terrorisme. Et même au-delà, puisque l'Algérie est l'un des premiers fournisseurs d'énergie à Washington. Mais cette brouille ne constitue apparemment pas une vraie crise, puisque, à entendre Mourad Medelci, les choses peuvent s'arranger. A une question relative à d'éventuelles garanties fournies par les Américains, le chef de la diplomatie algérienne a répondu que la «véritable garantie, c'est la qualité des relations entre l'Algérie et les Etats-Unis». «Cette garantie est fondée sur la confiance, et c'est fort de cette confiance que je suis persuadé que nous finirons par trouver des solutions plus conformes qui soient acceptables sur le plan de la communauté internationale pour lutter ensemble et de manière plus efficace contre le fléau du terrorisme qui nous concerne tous», a-t-il ajouté. Cela c'est de la diplomatie. Mais à regarder de près, le malaise entre les deux pays persistera tant que cette liste de «pays à risque» continuera à inclure l'Algérie. Cela malgré les tentatives de Mme Sanderson qui tente de justifier que les mesures de surveillance particulière imposées aux ressortissants de ces pays «peuvent changer» et que cette liste «ne vise aucun pays en particulier». Autant la barrer. A. B.