Certaines maladies rhumatismales sont un marqueur de pénibilité de travail. Douleurs cervicales, tendinites de l'épaule, arthrose… autant de pathologies figurant parmi des maladies qui progressent et inquiètent en milieu professionnel. Selon le docteur Mostefai, maître assistant au CHU de Beni Messous, «les maladies rhumatismales affectent les sujets âgés, mais aussi des jeunes, sportifs ou victimes de traumatismes, d'autres sont favorisées par des mouvements pénibles et répétitifs et un travail en position statique, ce qui fragilise le cartilage et peut toucher de nombreuses articulations entraînant des douleurs et une invalidité». «S'agissant de l'arthrose, c'est un mal qui fait de plus en plus parler de lui. On estimerait à trois millions le nombre d'Algériens qui en seraient atteints. C'est l'une des maladies les plus fréquentes qui touchent les sujets âgés ; cependant, on constate que de plus en plus de jeunes (la trentaine), en souffrent, ce qui est inquiétant», dit-elle. En Algérie, les maladies rhumatismales ne sont pas reconnues comme des maladies professionnelles même si certaines études ont clairement démontré les liens complexes entre les maladies rhumatismales chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante et la vie professionnelle. Le professeur Thomas Bardin, chef du service de rhumatologie de l'hôpital Lariboisière (Paris) cite également l'exemple du syndrome du canal carpien qui est une maladie professionnelle reconnue en France. Cette affection très fréquente résulte de la compression du nerf médian lors de sa traversée du poignet au sein du canal ostéo-fibreux inextensible qu'est le canal carpien. Ce qui provoque des fourmillements, des engourdissements puis des douleurs handicapantes. Certaines professions prédisposent au syndrome du canal carpien, notamment l'ensemble des professions manuelles. Les personnes les plus fréquemment atteintes ont été exposées à des mouvements répétitifs de la main, des vibrations ou une pression sur la paume. Le risque augmente dès lors que le ligament se durcit. Le syndrome du canal carpien parasite la vie quotidienne de nombreuses personnes, ouvrir une bouteille ou boutonner sa chemise devient ainsi pénible et ouloureux quand on en souffre. Selon le spécialiste français, le traitement de cette affection est médical, au moins dans un premier temps. Toutefois, en cas de signe déficitaire ou d'échec de traitement, la décompression du nerf, par chirurgie traditionnelle ou endoscopique est indiquée. Certaines maladies peuvent aussi favoriser l'apparition de ce syndrome, comme l'arthrite, le diabète et la goutte. La grossesse, la ménopause et la prise d'une pilule contraceptive sont aussi des facteurs de risque, parce que les hormones modifient l'élasticité des tendons, qui grossissent et compriment le nerf. C'est ce qui explique que ce syndrome touche deux femmes pour un homme. A. B. Fluorose osseuse : les régions du sud du pays particulièrement exposées Des millions de personnes sont exposées à une concentration excessive de fluor dans l'eau à travers le monde. Le professeur Sabira Abtroun- Benmadi, a mis en garde contre l'excès de fluor provoquant des affections qui vont d'une fluorose dentaire à une fluorose osseuse. C'est un phénomène particulièrement connu dans le grand sud du pays. Dans certaines régions, l'excès de fluor dans les eaux souterraines destinées à la consommation cause des nuisances sur la santé, comme une fluorose dentaire ou osseuse. La fluorose dentaire se caractérise par des dents tachetées et piquetées, parfois l'émail peut être endommagé. La fluorose osseuse résulte d'une accumulation progressive du fluor dans le tissu osseux, entraînant douleurs osseuses et raideurs articulaires. Une modification de la structure de l'os avec calcification des ligaments peut entraîner une invalidité. Le phénomène est inquiétant. L'OMS qui rappelle que les normes requises de fluor dans l'eau sont de 1,5 mg par litre met l'accent sur la prévention. De nouvelles molécules pour freiner l'évolution de la polyarthrite rhumatoïde La nouvelle génération de biomédicaments commercialisée récemment représente un espoir thérapeutique important pour des millions de malades atteints de maladies rhumatismales. «Le tocilizumab (TCZ) est le premier anticorps monoclonal humanisé inhibant les récepteurs de l'IL6 développé pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et constitue une arme thérapeutique innovante dans le combat mené contre cette affection sévère», a indiqué, lors du symposium des laboratoires pharmaceutiques Roche, le Pr. Jean Sibilia, rhumatologue au CHU de Strasbourg. Cette molécule développée au Japon par le laboratoire Chugai et Roche est le dernier-né de la famille des biologiques. Plusieurs grandes études, dont Option, Lithe et Toward ont montré l'efficacité de ce médicament dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. «Le tocilizumab est utilisé en France avec des résultats tout à fait intéressants dans le traitement de la PR mais il existe aussi d'autres indications très larges de cette molécule», a expliqué ce rhumatologue français. Son efficacité est observable à partir de la 2ème semaine, notamment sur les symptômes et signes cliniques (articulations douloureuses ou gonflées, fatigue, anémie, inflammation…).