Les spécialistes en rhumatologie ayant pris part aux Xèmes journées nationales de rhumatologie organisées par la Ligue algérienne antirhumatismale (LAAR), jeudi et vendredi derniers au centre de formation de Ben Aknoun, ont vivement insisté sur le diagnostic précoce des maladies rhumatismales de plus en plus fréquentes en Algérie. Selon le professeur Aïcha Ladjouze Rezig, présidente de la LAAR, cette rencontre traite de pathologies diverses avec un thème phare axé sur celles touchant la main, qui peut être le siège d'affections souvent mal connues. Dans la moitié des cas de polyarthrite rhumatoïde (PR), l'affection débute à la main. L'atteinte est en règle bilatérale et plus ou moins symétrique. Les premières articulations touchées sont le poignet, les articulations métacarpo-phalangiennes et les inter-phalangiennes proximales de l'index et du médius. L'atteinte des inter-phalangiennes distales est beaucoup plus rare et tardive. Les différents sujets traités ont concerné les maladies inflammatoires, systémiques et métaboliques qui continuent, selon cette spécialiste, «à soulever des problèmes et des controverses concernant le diagnostic, le pronostic, la thérapeutique et le suivi». Ainsi, indique-t-elle, «malgré les grandes avancées réalisées dans le domaine diagnostique par la biologie moléculaire, l'immunologie, la génétique précoce, nous sommes souvent confrontés malheureusement à recevoir des patients à un stade tardif avec des atteintes ostéo- articulaires sévères et des complications viscérales graves menaçant leur pronostic vital». Le professeur Ladzouze évoque les grands progrès thérapeutiques réalisés dans le domaine de la rhumatologie depuis vingt ans et met exergue l'arrivée d'un traitement révolutionnaire, à savoir la biothérapie indiquée dans les rhumatismes inflammatoires. Elle estime que le médecin praticien doit absolument connaître les modes d'action, les modalités d'administration, les avantages, les effets secondaires et les contre-indications de ces traitements afin de ne pas se trouver confronté avec des complications graves». Le professeur Ladjouze rappelle, d'autre part, la place de certains produits anciens comme le Méthotrexate, la Colchicine, l'Hydroxychloroquine, le paracématol, le calcium, la vitamine D qui sont toujours d'actualité. De nouvelles molécules mises sur le marché pour le traitement des complications viscérales des maladies systémiques, de la goutte, de la douleur neuropathique sont également passées en revue. L'ostéoporose continue à soulever des problèmes de définition, de diagnostic et de prise en charge, d'après le professeur Ladjouze. Ainsi, indique-t-elle, «malgré la grande panoplie de molécules à notre disposition (anti-résorbeurs) et l'avènement des produits anabolisants tant attendus et arrivés sur le marché depuis deux ans (le calcium et la vitamine D occupent une place privilégiée), il y a toujours des controverses quant aux indications précises, à la molécule à choisir, aux modalités d'administration et de suivi, à l'observance et surtout à la durée du traitement». Elle a, par ailleurs, fait part de la réalisation de registres concernant la prise en charge des affections rhumatismales et l'organisation de congrès qui montrent la détermination des spécialistes à mettre au point une stratégie thérapeutique et des recommandations internationales pour une meilleure prise en charge des patients. Notons que les maladies rhumatismales regroupent plus de 200 affections de l'appareil locomoteur (articulations, tendons, muscles, cartilage, os). Les maladies rhumatismales sont de plus en plus fréquentes, au même titre que les maladies cardio-vasculaires. L'arthrose, la polyarthrite rhumatoïde (PR), la goutte, la spondylarthrite ankylosante, l'ostéoporose, le rhumatisme des parties molles et la fibromyalgie figurent parmi ces affections les plus connues. De son côté, le professeur Sabira Abtroun-Benmadi, chef du service rhumatologie du CHU Lamine Debbaghine (Bab El Oued) a, elle aussi, insisté sur le diagnostic précoce de ces affections avant que le mal ne s'installe de façon irrévocable, pour éviter les prothèses. «Souvent, les malades atteints de ces affections arrivent à un stade tardif», regrette-t-elle. Elle a mis l'accent sur la nécessité de prendre en charge sérieusement les maladies qui peuvent toucher la main et entraîner le handicap, des pathologies souvent méconnues, insistant sur l'importance de prendre soin de la main, essentielle dans la vie quotidienne, d'autant que cet organe est exposé à certaines affections des os et à leur tête la polyarthrite rhumatoïdale responsable du handicap. Il en est de même pour la spondylarthrite qui affecte le rachis et les articulations sacro-iliaques. C'est le deuxième des grands rhumatismes inflammatoires chroniques par sa fréquence et sa gravité, après la PR. «Toutes ces affections peuvent toucher les articulations de la main, la hanche, la colonne vertébrale et le bassin, et ce sont des maladies qui affectent toutes les tranches d'âge et les deux sexes même si les femmes sont plus exposées que les hommes», affirme cette spécialiste. S'agissant des facteurs de risque, elle cite des facteurs génétiques et même d'ordre environnemental, l'humidité, entre autres. Evoquant la nouvelle génération des thérapies, à savoir la biothérapie, elle dira qu'elle est disponible depuis trois ans en Algérie et a fait ses preuves thérapeutiques. Toutefois, le professeur Abtroun a relevé le coût très élevé de ces médicaments. «La biothérapie est indiquée notamment aux malades réfractaires au traitement de fond conventionnel», dit-elle, précisant qu'elle est dispensée en milieu hospitalier uniquement car elle nécessite un suivi du patient par des médecins spécialistes. A. B.