L'effervescence qui caractérise l'actualité sécuritaire de ces derniers jours a remis, plus que jamais, l'organisation terroriste El Qaïda sur le devant de la scène. Même si celle-ci n'a jamais cessé, depuis son existence, de faire parler d'elle à travers des actions aussi spectaculaires que terrifiantes, elle n'avait sans doute pas mis le monde en alerte comme elle le fait en ce moment depuis les mémorables attentats du 11 septembre 2001. Les activités d'El Qaïda au Maghreb dans la région du Sahel ont, en effet, mis le monde en état d'alerte d'autant plus élevé que les disciples de Ben Laden «s'amusent» presque, sommes-nous tentés de dire, à faire des annonces pour de prochaines actions et à diffuser des fausses alertes pour un effet de psychose garanti. Face à cette actualité, une réunion d'urgence a été convoquée par l'Algérie à Tamanrasset, réunissant les états-majors de son armée, ainsi que ceux du Mali, du Niger et de la Mauritanie. Le but étant de réfléchir et de parvenir à une stratégie commune en matière de lutte contre le terrorisme transnational. Paris, qui espère récupérer des griffes d'El Qaïda ses quatre otages sains et saufs, multiplie les démarches avec les pays pouvant être directement ou indirectement concernés par le dénouement de ce nouvel épisode d'enlèvements. Se pose alors la problématique du consensus quant à la démarche à suivre par les Etats qui partent en guerre contre El Qaïda, les uns prônant une internationalisation de l'affaire, les autres, comme c'est le cas pour l'Algérie, optant pour une gestion plus restreinte tout en accueillant toutes les aides logistiques, militaires et autres émanant des puissances occidentales. La lutte contre le terrorisme transcontinental suppose, par ailleurs, de se concerter sur la question du paiement des rançons auquel notre pays s'oppose farouchement au moment où d'autres s'y sont soumis en vue de sauver leurs compatriotes, objet de chantage de la part d'El Qaïda. Dans ce climat de terreur généralisé, de vigilance et de suspicion extrêmes, les amalgames et les extrêmes prennent vite le dessus sur la pondération, la raison et le jugement. Comme ceux qui consistent à mettre dans le même registre terrorisme et islam et à considérer tous les musulmans comme de dangereux terroristes potentiels. Ou encore ceux qui assimilent les mouvements de libération et de résistance face à l'occupant à de ténébreux groupuscules terroristes. C'est le cas déjà de la résistance palestinienne face à l'occupation israélienne, ce pays ayant su mettre à son profit la nature de l'activisme de la branche armée du Hamas pour crier au danger terroriste et faire oublier la cause originelle du peuple palestinien : celle de la libération des territoires occupés. C'est sans doute cette préoccupation qui fera placer le thème de la conférence internationale abritée en début de semaine sur le conflit du Sahara occidental sous le thème générique du «droit des peuples à la résistance» au lieu et place de «l'autodétermination». Ce pays, sous occupation marocaine, fait partie du Maghreb arabe, une région aux confins du Sahel, terrain de prédilection des opérations d'El Qaïda. Cela nous rappelle les accusations de la France coloniale à l'activisme du Front de libération nationale (FLN), qualifié de terroriste alors que la finalité en avait été de reconquérir la libération et l'indépendance de l'Algérie de l'empire colonial français. Quant aux méthodes adoptées pour y parvenir, que d'aucuns avaient jugées condamnables, c'est un autre sujet de… polémique. M. C.