Les prix de certains produits de large consommation ont relativement augmenté depuis quelques jours. Les petites bourses le ressentent. Et il est fort probable que la tendance à la hausse va s'installer pendant le mois de Ramadhan. C'est la même rengaine chaque année. Et les consommateurs s'y sont habitués. Ont-ils le choix ? Peuvent-ils se passer de certains produits ? L'envolée des prix est-elle irréversible ? Ces questions, beaucoup se les posent et accusent deux acteurs : l'Etat, agent régulateur, et l'association des consommateurs dont on entend peu parler. L'Etat semble impuissant face à un marché déstructuré, mal orienté, confusément régulé. Certains diront que la flambée des prix à l'approche du mois de Ramadhan et dont la presse nationale se fait l'écho n'est qu'une facette de la libéralisation du marché. Le marché est libre. Les prix le sont aussi. Du point de vue théorique, c'est logique. La fluctuation des prix peut même relever de l'ordre normal des choses dans une économie ouverte. Dans la pratique, elle n'en affecte pas moins les couches les plus défavorisées. Aussi, mettre en place un «filet» de régulation est plus que nécessaire. L'Exécutif semble en être conscient. Au cours de la conférence de presse qu'il a tenue lundi dernier, à l'issue de la réunion du conseil de gouvernement, son porte-parole a annoncé que des mesures relatives à la rentrée sociale et au mois de Ramadhan sont prévues. L'année dernière, on s'en souvient, l'Exécutif a installé une commission ad hoc chargée de suivre l'évolution des tendances des marchés. Cette décision a été prise après que les prix eurent atteint des seuils spectaculaires. De tous les produits, la pomme de terre a fait débat. Son prix a grimpé à 70 dinars. Ce qu'il faut retenir de ce qui a été décidé l'année écoulée, c'est que ladite commission n'a pas réellement enrayé la flambée des prix et que seul le consommateur en paie la note. Ce dernier n'a-t-il cependant pas une part de responsabilité dans ce qui se passe ? Il faut plutôt accabler l'association des consommateurs dont peu de gens entendent parler. Sur le papier, elle existe depuis des années. Sur le terrain, peu d'actions sont à son actif. Elle est censée en principe se poser en défenseur des consommateurs. Une question se pose cependant : cette organisation est-elle représentative ? Rares sont les consommateurs qui s'en revendiquent en tout cas. Amorphes sont les actions qu'elle mène de temps à autre. Des organisations de consommateurs dans des pays à économie libérale sont mieux structurées. Elles sont infaillibles sur tout ce qui a trait aux consommateurs. Elles en viennent à ester en justice des commerçants, des grosses boîtes, des multinationales, des grandes surfaces. La nôtre doit s'en inspirer, ne serait-ce que pour justifier une appellation, un sigle. Sinon, ses actions continueront à se confondre avec le discours béat de ceux qui s'abritent derrière la théorie des marchés au sens large du terme, avec comme conséquence une flambée en continu, une spirale. Cette situation, les ménages n'en veulent pas. Y. S.