Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia Dans toute économie de marché, les petites et moyennes entreprises revêtent une importance primordiale. En effet, les PME jouent un rôle incontournable sur le plan économique (création d'emplois, production, innovation, etc.), et sur le plan social (la participation à la formation et l'insertion des jeunes, la contribution à la diminution de l'exclusion sociale, etc.). Durant toute son existence, la PME éprouve différents besoins d'extension, d'innovation, d'adaptation, etc. Et la satisfaction de ces besoins nécessite la disponibilité ou la recherche des ressources financières suffisantes. D'où ? Via notamment des financements internes et/ou externes. En d'autres termes, les entreprises tentent, à chaque fois, de financer leurs investissements d'abord par autofinancement avant d'avoir recours aux sources externes. Le financement externe est une solution de deuxième ordre auquel l'entreprise recourt lorsque ses capitaux mis en réserve ne suffisent pas à financer des projets d'investissements non anticipés. Quid de l'Algérie ? Les PME opérant dans les différents secteurs d'activité, bénéficient-elles de financement de la part des banques ? Le processus de financement des différents projets PME est-il si compliqué ? Autant de questions qui reviennent sur les lèvres à chaque fois qu'on évoque le développement des PME en Algérie. En effet, le financement des PME, depuis quelques années, est au centre d'un débat concernant ce processus, mais surtout les contraintes administratives (exigences des banques concernant notamment la solvabilité des projets, retard mis dans le traitement des dossiers…). Les chefs d'entreprise montrent du doigt les banques qui ne répondent pas favorablement à leurs doléances, ou, dans lesmeilleur des cas, avec un retard parfois exagéré. Mais c'est un autre son de cloche chez les banquiers. Ces derniers, usant du langage des chiffres, soutiennent qu'à leur niveau, les PME occupent presque le quart des portefeuilles des banques en matière de crédits. 2 900 milliards de dinars de crédits bancaires en 2010 Récemment, le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Abderrahmane Benkhalfa, a affirmé que le montant global des financements accordé par les banques était de 3 200 milliards de dinars en 2010, dont 2 900 milliards à près de 250 000 PME, PMI et microentreprises, avec un rythme d'évolution de 16%. La même source affirme également que le volume global d'octroi de crédits, de l'ordre de 16%, n'est guère suffisant. «Nous sommes devant l'obligation présidentielle de créer 200 000 entreprises dans les quatre prochaines années. Il y a beaucoup à faire en termes d'accompagnement de ces entreprises et de celles déjà existantes à un niveau de compétitivité qui confirmera leur bancabilité», a ajouté M Benkhalfa, la semaine dernière, reconnaissant cependant qu'il existe un fossé entre les demandes exprimées et les réponses bancaires. Mais cela n'est pas dû simplement à des problèmes de capacités de financement, mais à des problèmes de capacités managériales, à des problèmes d'organisation du marché et de compétitivité des entreprises», a-t-il justifié. «Globalement, nous avons évolué jusqu'à 18%. Nous avons actuellement dans les portefeuilles plus de 1 200 milliards de dinars dont le potentiel dépasse les 250 000 entreprises, tous types confondus [PME de première génération, PME de seconde génération et petites entreprises qui deviendront PME]» soutient ce banquier, pour qui le taux de mortalité au niveau des entreprises est «normal» et «acceptable jusqu'à un certain seuil». «Les banques ne peuvent pas aller dans des secteurs excessivement risqués et leur imputer la responsabilité des échecs et à leurs travailleurs, alors qu'elle est nationale», a-t-il souligné. Conditions rigides d'accès aux crédits, le casse-tête des chefs d'entreprise Le financement des PME, via des banques, doit être au cœur de la politique économique du pays. Car les petites et moyennes entreprises constituent, à elles seules, l'un des axes sur lequel toute l'économie se repose. Selon un cadre supérieur d'une banque privée en Algérie, les PME sont une charge nationale. Celles-ci sont des vecteurs porteurs et des facteurs dont dépend la croissance économique nationale. «Par conséquent, il faut qu'il y ait une synergie complète autour de ce système pour qu'on ait demain un tissu qui porte l'économie du pays», selon la même source. «Les banques procèdent actuellement au développement, à un rythme important du marché du leasing», a ajouté, dans ce sillage, le deuxième responsable de l'Abef. Au-delà de ces chiffres émanant des banques, quelle est la vraie nature de la relation entre les deux parties ? Les observateurs les plus avertis résument cette relation par ceci : en Algérie, le fait que les unes ne peuvent pas vivre sans les autres, mais au lieu d'un grand amour c'est plutôt une relation du type «je t'aime, moi non plus». Au niveau des banquiers, afin de garantir une plus grande disponibilité, des exigences moins dissuasives, un coût de crédit raisonnable et une meilleure assistance-conseil, les entreprises doivent attester d'une transparence et adopter une approche de gestion moderne qui implique aussi bien le management rationnel que la maîtrise totale des outils de la finance pour, finalement, instaurer un partenariat fondé sur un rapport risques/opportunités partagé. Mais les entreprises ne partagent pas forcément cet avis. En effet, pour un bon nombre de chefs d'entreprise, le financement en soi n'est pas problématique, mais ce sont les conditions rigides d'accès aux crédits qui posent problème. En effet, les garanties exigées pour bénéficier d'un concours bancaire, le manque d'information et de communication entre entrepreneurs et banquiers ainsi que le peu d'importance qu'accordent les cadres d'agences bancaires aux requêtes des investisseurs sont autant d'éléments avancés par les entreprises pour justifier la difficulté d'accès aux prêts bancaires.