Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani La décision par le Groupe ArcelorMittal basé au Luxembourg de lancer le plan d'investissement 2011/2015 visant une mise à niveau du complexe sidérurgique d'Annaba a été bien accueillie et a rassuré les milliers d'ouvriers quant à leur avenir menacé du fait du «manque de visibilité» qui avait sévi pendant près d'une année et demie. Ainsi, cet investissement de l'ordre de 492 millions d'euros, perçu comme une bouffée d'oxygène dans les milieux ouvriers, dans la mesure où il sécurise leurs emplois et en créera d'autres, a amené le syndicat d'entreprise à revoir ses positions pour aller dans le sens de la mobilisation des travailleurs autour des objectifs fixés par le business plan. Le plan d'investissement en question devra, s'il est mené jusqu'au bout, mettre le complexe sidérurgique au même niveau que les autres complexes du géant mondial de l'acier implantés un peu partout dans le monde. Il est prévu que ce plan se réalisera en 2 phases et touchera l'ensemble des installations et équipements en procédant à des rénovations, des réhabilitations ou des acquisitions de façon à augmenter la production et le rendement de l'usine. La première phase prendra en charge la cokerie - pomme de discorde entre le syndicat et la direction - qui sera entièrement rénovée, comme recommandé par les différents experts dépêchés par le groupe au cours des derniers mois. 90 millions d'euros iront à cette installation stratégique qui évitera au complexe l'importation du coke des autres sites du groupe, importations qui se font en devises fortes engendrant des surcoûts de production. La cokerie, à l'arrêt pendant près d'une année et demie pour raison de sécurité, avait donné lieu à des spéculations faisant accroire que le groupe ArcelorMittal comptait se désengager à l'issue du contrat qui le lie et qui se termine en 2011. Cet investissement apporte un démenti cinglant et réconforte les 360 travailleurs qui activaient dans cette installation et qui avaient été dispatchés dans d'autres services.Le haut fourneau n°2, une autre installation stratégique du complexe, sera complètement rénové pour augmenter ses capacités de production qui atteindront après l'opération 4 000 tonnes de fonte, ce qui le placera dans les normes admises. Un investissement de l'ordre de 90 millions d'euros qui seront injectés pour mener à bien et réussir ce «lifting» de fond. L'agglomération n°2 ne sera pas en reste puisqu'elle aussi connaîtra une remise à niveau touchant toutes les installations avec, à la clé, 12 millions d'euros. Ainsi, en tout, pour cette première phase, 192 millions d'euros seront investis pendant les 30 mois à venir qui seront déterminants quant à la pérennité de ce complexe vieux de plus de 40 ans et dont les installations, vétustes, ne peuvent plus donner un rendement satisfaisant. La deuxième phase concernera exclusivement l'implantation d'une installation de réduction directe dite DRI qui boostera la production du complexe dont les capacités seront doublées. L'usine, qui actuellement arrive à peine à produire près de 700 000 tonnes par an, atteindra dans une première étape 1,4 million de tonnes pour ensuite doubler cette production à l'horizon 2015 avec 2,4 millions de tonnes lorsque toute l'opération rénovation sera achevée. Les retombées de cet important investissement sur l'économie de la région seront très positives et auront certainement un effet d'entraînement de plusieurs secteurs qui seront pris dans ce développement aux cercles concentriques de plus en plus larges.Le syndicat ArcelorMittal, qui se réjouit de voir ses revendications entièrement satisfaites du fait qu'il a réussi à préserver les quelque 5 400 emplois avec la perspective d'en créer d'autres en dehors du transfert des 560 travailleurs de la sous-traitance, a adressé à notre rédaction régionale de Annaba un communiqué dans ce sens. Dans ce document, le conseil syndical exprime sa «grande satisfaction» et affirme sa disponibilité totale pour «accompagner pleinement le plan industriel dans sa mise en œuvre, cela tout en insistant pour relancer le dossier des salaires auprès de la direction».Le rédacteur du communiqué rapporte également que le P-DG aura, pendant cette semaine, à effectuer des démarches auprès du ministère et avec les représentants de Transolb en vue de la formalisation des mécanismes d'exécution du plan d'investissement 2011/2015. Le P-DG du complexe aura aussi des entretiens avec de hauts responsables du ministère au sujet de la récupération de la TVA, de la remise en l'état de la voie ferrée «ligne minière» à partir de l'Ouenza pour augmenter l'approvisionnement du complexe et arriver, ainsi, à réaliser les objectifs fixés et l'obtention d'une dérogation pour l'exportation du métal cassé. Le communiqué, qui se termine par un appel à la vigilance contre toute manipulation, rappelle aux travailleurs que, désormais, l'espoir renaît et que leur outil de production est préservé. De nouvelles perspectives sont donc permises et les milliers d'ouvriers du complexe, stimulés par les décisions prises par la direction concernant le plan d'investissement, sont mobilisés derrière leur syndicat pour honorer les engagements pris. L'on attend la reprise sur le plan international pour rassurer encore plus les travailleurs sur leur devenir même si la quasi-totalité de la production du complexe est écoulée sur le marché national, la crise qui secoue le monde de la sidérurgie influant directement sur l'investissement.