De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Cela fait très longtemps que la wilaya de Tizi Ouzou souffre du manque criant d'infrastructures culturelles, pour ne pas dire de l'inexistence d'infrastructures dignes de notre époque. A l'exception de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et le théâtre régional Kateb-Yacine, inauguré récemment, les artistes et les hommes de culture en général n'ont aucun autre endroit où se produire dans la wilaya de Tizi Ouzou. Comme toutes les autres wilayas du pays, Tizi Ouzou a traversé une période de désert culturel et artistique durant la décennie quatre-vingt-dix pour cause de grave crise politique et économique et de terrorisme particulièrement sanglant et dévastateur. Une période qui a vu les salles de cinéma de la wilaya tout simplement fermées et des centres culturels et autres maisons des jeunes sombrer dans un vide sidéral que personne n'a pu empêcher.Les caisses de l'Etat étant quasiment vides, il fallait à l'époque s'occuper de l'essentiel, c'est-à-dire éviter la chute de l'Etat et l'avènement du chaos et abandonner carrément tout ce qui pouvait être considéré comme superflu comme la culture. C'est ainsi que pratiquement toutes les institutions culturelles de la wilaya ont soit baissé rideau, soit connu un état de disette culturelle qui a duré plus d'une décennie. Seule la maison de la culture Mouloud- Mammeri de la ville a survécu en tant qu'institution à cette tempête qui a balayé tout ce qui représentait la culture dans la région. Aujourd'hui, et grâce au renflouement des caisses de l'Etat par les différentes hausses des prix des hydrocarbures, la culture commence à prendre une place dans la répartition du budget de l'Etat et plusieurs projets d'infrastructures culturelles ont été inscrits notamment au profit de la wilaya de Tizi Ouzou, où malheureusement il faut des années pour faire d'une idée un projet et de nombreuses autres années pour que ce même projet soit concrétisé. L'exemple de la réhabilitation du théâtre régional Kateb Yacine de la ville est édifiant puisque les travaux ont duré cinq longues années avant qu'il ne soit opérationnel et qu'il vienne désengorger un tant soit peu la maison de la culture restée pendant plusieurs années le seul édifice culturel fonctionnel. Les artistes et autres hommes de culture et animateurs associatifs ne pouvaient se produire ou se rencontrer que dans cet espace. Aujourd'hui encore, aucun autre endroit consacré à la culture ne leur est offert qui pourrait accueillir tous les intervenants dans le secteur de la culture sans que les pouvoirs publics soient associés de près ou de loin. Un endroit où les artistes peuvent se rendre librement sans que l'Etat s'en mêle, y compris quand ce dernier paraît favorable au mouvement des artistes et animateurs associatifs. Ils n'avaient même pas la possibilité d'utiliser les enceintes culturelles fermées pour des raisons différentes. Au moment où l'ex-salle de cinéma Le Mondial était squattée par une famille, l'autre salle de cinéma de la ville, Le Djurdjura en l'occurrence, avait connu une destruction en bonne et due forme lors des troubles qui ont suivi le crime commis en 1998 contre le chantre de l'amazighité, Lounes Matoub. L'ex-salle Le Studio a connu le même sort que lui ont fait subir ceux qui la convoitent depuis longtemps pour des objectifs bassement mercantiles. Elle se trouve aujourd'hui en état de ruine, inutilisable, ne suscitant aucune réaction des pouvoirs publics. Mais dans ce désert tizi-ouzéeen, il y a un endroit qui aurait pu être une oasis culturelle. La galerie ONCE, créée par Mme Nadia Cherrak, artiste peintre, peut être considérée comme une hirondelle qui ne peut malheureusement faire à elle seule le printemps. Et ce, malgré toute la bonne volonté de sa créatrice et gérante et toutes ses initiatives dans le sens du rassemblement des artistes de tout horizon. En effet, depuis qu'elle a ouvert sa galerie, à quelques pas du stade du 1er Novembre de la ville des Genêts où elle expose et propose à la vente des toiles réalisées par différents artistes de la région mais aussi de différentes régions du pays, Mme Cherrak a eu à organiser de nombreuses rencontres qui ont regroupé des artistes de différentes disciplines (artistes peintres, chanteurs, musiciens, poètes…) autour d'un thé et de gâteaux et d'une bonne série de discussions empreintes beaucoup plus de convivialité que de formalités ou de protocoles. Mais elle est seule dans cette initiative et la culture a besoin de toutes ses femmes et tous ses hommes pour multiplier les initiatives en faveur de la culture et des arts, notamment en mettant la main à la poche, pour les plus nantis d'entre eux, en vue de créer un espace culturel digne de ce nom capable d'accueillir régulièrement tous les intervenants dans l'activité culturelle et artistique au lieu de se bousculer encore et encore dans les couloirs de la maison de la culture Mouloud- Mammeri de la ville.