Intervenant hier aux travaux d'une journée d'étude sur l'emploi, organisée par le Conseil de la nation, le Pr Abdelkrim Benarab, enseignant à l'université de Constantine, a relancé le débat sur l'adéquation entre le marché de la formation et celui du travail. Une équation difficile à résoudre malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, en partenariat avec les entreprises économiques et les professionnels de l'enseignement supérieur. L'expert consultant relève que le chômage en Algérie frappe les jeunes diplômés universitaires plus que les autres, alors que c'est le contraire qui devrait se produire. Cela pourrait s'expliquer par le flux important des étudiants qui arrivent à l'université et la limitation des offres de travail, parfois même leur manque de compétences et donc de performances, à l'ère de l'évolution rapide des technologies de l'information et autres phénomènes de la mondialisation. L'autre grand problème réside dans la faiblesse des dépenses publiques en matière d'enseignement supérieur. «Il y a une forte corrélation entre l'enseignement supérieur, voire l'éducation de façon générale et la croissance économique. Il faut investir dans l'enseignement supérieur», a-t-il souligné. Selon le Pr Abdelkrim Benarab, «les systèmes d'enseignement dans l'enseignement supérieur font face à des problèmes en matière de financement, de coûts, de pertinence, de compétitivité, de qualité, d'efficacité et de gouvernance. Ces problèmes ont été amplifiés par l'évolution rapide des technologies, l'émergence d'une industrie de communication et de la mondialisation des marchés du travail et du commerce». Aussi, «les flux importants des outputs des universités et leur poids dans la structure du taux de chômage pèsent lourdement sur les stratégies alternatives de formation et d'emploi». Et l'enseignant de l'université de Constantine d'appuyer le constat selon lequel les tentatives du pays d'adapter les besoins du marché à l'offre de formation ont été un échec : «Depuis 1962, l'Algérie a connu une succession de tentatives d'ajustement du marché de la formation supérieure aux besoins du marché du travail, mais sans succès. Les fluctuations du marché du travail et la forte demande sociale de la formation supérieure ont déjoué toute stratégie de recherche d'équilibres.» Pour apporter des solutions aux problèmes posés, celui du chômage principalement, le Pr Abdelkrim Benarab appelle à l'ouverture d'un débat national et large, portant sur toutes les questions en relation avec l'enseignement supérieur en Algérie. Pour sa part, Mohamed Tahar Chalal, directeur général par intérim de l'Ansej, réitère son appel pour la valorisation de l'enseignement professionnel. «Il faut encourager les jeunes à faire une formation. Une bonne formation professionnelle. Aller vers un métier d'avenir», a-t-l recommandé. Aussi, développer l'esprit d'initiative et d'entreprenariat : «N'est pas entrepreneur qui veut.» K. M.