Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (CPS) de l'UA et le Comité politique et de sécurité de l'Union européenne (UE) tiendront, aujourd'hui à Addis-Abeba, une réunion sur la crise en Libye. Cette réunion devra «mettre en relief la nécessité d'une solution politique» sur la base de la feuille de route adoptée le 10 mars dernier. La feuille de route établie par le comité ad hoc de haut niveau sur la Libye de l'UA souligne la nécessité d'une cessation immédiate de toutes les hostilités, de la coopération des autorités libyennes concernées pour faciliter l'acheminement de l'assistance humanitaire aux populations dans le besoin et de la protection des ressortissants étrangers, y compris les travailleurs migrants africains vivant en Libye. Le plan africain appelle également à engager un dialogue entre les parties libyennes et à assurer la gestion inclusive d'une période transitoire en vue de l'adoption et de la mise en œuvre des réformes politiques nécessaires pour l'élimination des causes de la crise actuelle, en prenant dûment compte des aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à la réforme politique, à la justice, à la paix et à la sécurité, ainsi qu'au développement socio-économique. Selon le communiqué de l'UA, une autre réunion sur la Libye entre le CPS de l'UA et le Conseil de sécurité de l'ONU aura lieu le 21 mai dans la capitale éthiopienne. Dans ce contexte, le président de la Commission de l'UA, M. Jean Ping, a indiqué, vendredi dernier à Alger, que la feuille de route africaine sur la Libye était actuellement la «seule» proposition politique de sortie de crise dans ce pays relevant, par ailleurs, que les autres acteurs dans la crise libyenne n'ont pas formulé de proposition politique pour régler ce conflit. Par ailleurs, les dirigeants des monarchies pétrolières du Golfe tenaient hier un sommet à Riyad consacré à la vive tension avec l'Iran et à la situation dans les pays arabes secoués par des révoltes. Au moment où les efforts diplomatiques se poursuivent en vue d'une sortie de crise pacifique, les opérations militaires étrangères, lancées début mars en Libye, se sont intensifiées hier à Tripoli où des avions de combat de l'Otan ont mené une série de violentes frappes aériennes visant essentiellement les installations militaires du régime libyen. La capitale libyenne a été visée par huit frappes au total pendant environ trois heures, notamment près des locaux de la télévision d'Etat et de l'agence de presse officielle Jana, selon des médias. L'Otan, qui a mené en deux mois plus de 2 260 frappes, sous mandat de l'ONU, a affiché hier sa détermination à «appliquer la même stratégie : attaquer les centres de contrôle et de commandement libyens», selon un porte-parole de l'Alliance atlantique. Parallèlement aux opérations de l'Otan, les combats entre forces loyales au régime et rebelles continuent et se concentrent particulièrement à Misrata. Dans l'ouest, les insurgés ont avancé d'une quinzaine de kilomètres, se rapprochant de Zliten, à quelque 150 km de Tripoli. Moins de trois mois depuis le début du conflit en Libye, l'ONU a lancé un cri d'alarme. «Les pénuries généralisées paralysent le pays, ce qui aura un impact grave sur la population dans les mois à venir, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables», a expliqué Valérie Amos, secrétaire générale adjointe de l'ONU chargée des affaires humanitaires. Elle a ajouté que 746 000 personnes ont fui le pays et 5 000 autres sont bloquées aux frontières avec l'Egypte, la Tunisie et le Niger. L'Europe, comme attendu, est divisée sur la réforme de l'espace Schengen. Les chefs des principales formations politiques du Parlement européen ont critiqué avec virulence, hier, les projets de réforme de cet espace, en particulier le mécanisme pour rétablir temporairement des contrôles aux frontières nationales. Ainsi donc, les révoltes arabes qui ont induit l'exode migratoire risquent fortement de faire exploser l'accord de Schengen. H. Y.