«Les différentes politiques agricoles engagées en Algérie ont été conçues dans l'urgence pour résoudre des problèmes conjoncturels.» Le constat émane des experts en la matière. Il a été dressé dimanche soir lors d'une conférence-débat organisée par la fondation allemande Frederich Ebert sur les politiques agricoles. Mais ce constat n'est pas nouveau et ne concerne pas uniquement l'agriculture. Différents secteurs ont subi la même situation. Ils sont gérés avec des politiques élaborées dans l'urgence. L'urgence qui ne fait que durer malheureusement. Il y a en effet absence de stratégie à long terme pour la quasi-majorité des secteurs. Il y a aussi absence de planification et de prospection. On gère «du jour au lendemain» pour retomber dans les mêmes erreurs et reproduire les mêmes méthodes de gestion par la suite. Santé, éducation, agriculture, pêche et autres secteurs sont caractérisés par des défaillances en matière de gestion. Des défaillances qui se répercutent souvent sur les rendements et sur le fonctionnement des différents services à travers nos administrations. L'exemple le plus édifiant dans ce cas est l'organisation de la rentrée scolaire par le ministère de l'Education, une organisation faite dans l'urgence pour un secteur des plus sensibles. On s'attendait à un chevauchement entre l'ancien et le nouveau système éducatif. Ce qui marque le parachèvement de la réforme de l'enseignement primaire, et avec elle celle du système éducatif. Finalement, la réforme du système éducatif s'est terminée comme elle a commencé, c'est-à-dire dans la cacophonie. Qui commence mal finit mal. Tout a été fait dans l'urgence. Les résultats sont là pour témoigner de la situation. Que de ratages ! Avec 3 millions d'élèves dans les collèges, l'effectif a plus que doublé mais les infrastructures scolaires ne sont pas au rendez-vous en ce mois de septembre. D'ailleurs, la rentrée scolaire n'a carrément pas eu lieu dans certaines régions du pays en raison de la surcharge des classes et de l'indisponibilité des moyens pédagogiques élémentaires (chaises, tables…). C'est, en fait, le prolongement des vacances pour des milliers d'élèves. Cette situation ne fera que se répercuter sur l'enseignement, que ce soit en qualité ou en quantité. Difficile de faire passer le message quand on a une cinquantaine d'élèves en face. Difficile aussi d'achever les programmes scolaires quand on entame l'année dans de telles conditions et surtout quand on n'est pas très bien préparés à ces programmes qui sont également nouveaux pour les enseignants. Mener un projet à bon port, c'est toute une politique de gestion à mettre en place avec les moyens qu'il faut sans recourir aux solutions provisoires. Le provisoire face à l'urgence ne peut pas durer. Or, chez nous, c'est le provisoire qui dure. S. I.