L'intensification des combats au Soudan, menace sérieusement les accords de paix ayant mis fin à la guerre civile, notamment à trois semaines de l'indépendance du Sud semi-autonome le 9 juillet.La situation inquiète et fait réagir des puissances qui ont fortement poussé le pays vers la scission. Les Etats-Unis appellent le gouvernement du Soudan à prévenir toute nouvelle escalade de ce conflit en «cessant immédiatement ses actions militaires, y compris les bombardements aériens, les déplacements forcés de populations et les mesures d'intimidation».Mardi dernier, Washington avait déjà menacé le gouvernement soudanais d'interrompre le processus de normalisation si «l'escalade» de la violence se poursuivait au Kordofan-Sud. Cette province du nord se retrouve en proie depuis le 5 juin à des affrontements sanglants, entre les forces armées (SAF, nordistes) du pouvoir central à Khartoum, aidées de milices progouvernementales, et les forces liées aux sudistes de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). Le Kordofan Sud, seul Etat pétrolier du nord du pays, a été un champ de bataille pendant la guerre civile entre le Nord et le Sud (1983-2005). Les Nations Unies ont de leur côté déclaré que les combats dans cet Etat affectaient «un grand nombre» des quelques 1,4 millions d'habitants présents dans onze zones de conflit, et quelques 60 000 personnes ont fui leurs habitations. Le Nord et le Sud du Soudan se disputent également l'enclave d'Abyei, au centre du pays où plus de 100 000 personnes ont fui les combats de ces dernières semaines. Ces violences font craindre une reprise de la guerre à grande échelle. Entre la publication des résultats du référendum et la date de l'indépendance les autorités du Soudan et du Sud-Soudan doivent impérativement se mettre d'accord sur des dossiers sensibles tels que la délimitation des frontières, le statut de la région contestée d'Abyei, le statut des populations de chaque futur-Etat vivant sur le territoire de l'autre.Et pour l'heure la situation est loin d'aller dans le sens de la sérénité. Près d'une centaine de personnes ont été tuées au Sud-Soudan au cours de la semaine écoulée, dans des affrontements entre voleurs de bétail et des attaques de rebelles. L'armée sudistes a affronté au moins sept différentes milices ces derniers mois dans des combats de plus en plus intenses mettant en danger la vie des civils.Le Nord et le Sud-Soudan s'activent également pour trouver un accord sur l'exploitation des infrastructures pétrolières avant la sécession. Dans le cas où les deux parties ne parviennent pas à un accord «le Soudan va perdre 36,5% de ses revenus à partir du 9 juillet, c'est le pourcentage des revenus pétroliers que le gouvernement perçoit du brut produit dans le Sud». Le Sud-Soudan produit environ les trois quarts des 470 000 barils par jour du Soudan, mais l'industrie pétrolière est toujours gérée par le Nord où se trouvent toutes les infrastructures d'importance. Les limitations imposées à la fourniture de produits alimentaires et de carburant vers le Sud ont provoqué une hausse des prix, et des pénuries chroniques de carburant. Autant d'ingrédients pour le retour redouté à la guerre civile. M. B.