Le patrimoine culturel subaquatique est toujours peu protégé, et la situation devient de plus en plus alarmante. Ce constat fait, l'Unesco s'est depuis des années attelée à la protection des sites archéologiques immergés. Les efforts de l'agence onusienne ont abouti à la mise en place, en 2001, de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique. A l'occasion du 10e anniversaire de cette convention, l'Unesco a marqué une halte pour faire un bilan de ce qui a été accompli, et tracer des perspectives. Cette station s'est traduite par l'organisation, les 13 et 14 décembre derniers à Bruxelles, d'un colloque scientifique international sur les facteurs ayant un impact sur le patrimoine subaquatique, qui sera suivi d'une rencontre régionale sur la convention.Ainsi, 200 experts scientifiques se sont réunis pour faire le point sur la situation et établir les dangers qui menacent le patrimoine culturel subaquatique. Les discussions ont porté sur des sujets tels que l'ampleur de l'exploitation commerciale des épaves antiques, la quantification des dommages causés par le chalutage sur des sites préhistoriques, l'impact du tourisme sur les cités englouties ou encore l'externalisation des services archéologiques. La convention est, certes, un instrument juridique, le premier, qui protège les sites archéologiques immergés dans les océans, les rivières et les lacs du monde entier. Mais un texte aussi important ou contraignant soit-il ne peut avoir d'effet que si tous les Etats l'adoptent et l'appliquent rigoureusement. Plus de 300 épaves majeures, contenant chacune assez d'objets pour remplir un musée, ont été exploitées commercialement au cours des dernières années. Malheureusement, ces objets ne sont pas exposés dans des musées. Ils ont été vendus, et en toute légalité, pour se retrouver dans des collections privées. Ce commerce ne peut qu'encourager la chasse aux trésors.A cette menace vient s'ajouter une autre : le développement industriel de l'exploitation des richesses marines et sous-marines. La pêche et le chalutage ont des effets dévastateurs sur le plancher océanique. L'impact de l'activité de la pêche sur les sites immergés est similaire à ceux de l'agriculture et de l'urbanisme sur les sites terrestres, sauf qu'il n'existe aucune règlementation ou mesure de sauvegarde particulière pour les premiers. Les activités industrielles sur le littoral ont un effet tout aussi ravageur. La construction d'un port, les creusements de tunnels de métro, la pose de pipelines et la création d'infrastructures touristiques telles que les îles flottantes, détruisent les sites immergés fragiles. Récemment, plus de 36 épaves ont été retrouvées lors d'un projet d'extension du métro d'Istanbul. De même, une épave du XVIIIe siècle a été déplacée au profit de la pose d'un pipeline en mer Baltique. Si dans ces deux cas, les entreprises industrielles ont compris l'importance de ces sites et ont coopéré, il n'en est pas ainsi dans beaucoup d'autres cas. Les entreprises n'ont pas conscience de l'importance des sites qu'elles détruisent ou, obnubilées par le profit, ne s'en soucient guère.La Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de 2001 appelle à une modération de telles activités et à la prise en compte du patrimoine dans les projets industriels. Mais de plus amples informations sur la nature et l'étendue des défis à relever sont encore nécessaires. H. G. Source : Unesco