Photo :S. Zoheir Par Algérie presse service Le commerce de gros des produits pyrotechniques, dans La Casbah d'Alger, est florissant malgré les saisies de ces produits effectuées par les Douanes au port d'Alger et l'interdiction de leur vente en vertu d'une loi, toujours en vigueur, datant de 1963, a-t-on constaté hier.La vente des pétards et fumigènes prend de l'ampleur à mesure que la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui, prévue le 5 février prochain, s'approche. A cette occasion, d'importantes quantités de produits pyrotechniques sont utilisées par de larges franges de la société pour marquer cet événement religieux.Ainsi, la rue Ali Amar de la Basse-Casbah d'Alger s'est transformée, depuis quelques semaines, en marché de gros des produits pyrotechniques (pétards, feux d'artifice et fumigènes), se substituant, temporairement, au commerce parallèle des effets vestimentaires qui s'y fait le restant de l'année.Sur un parcours de près de 300 m, depuis le marché couvert Ahmed Bouzrina jusqu'au marché Ali Amar, les vendeurs de pétards ont dressé, accaparant les deux côtés de la chaussée, des tables couvertes collées les unes aux autres de manière à profiter du moindre espace disponible.«A chaque fête du Mawlid Ennabaoui, depuis des années, cette rue se transforme en un haut lieu de vente des produits pyrotechniques. Les clients nous viennent de différents quartiers de la capitale mais aussi de plusieurs wilayas du centre du pays. Ils préfèrent acheter en gros pour mieux revendre ensuite au détail durant la dernière semaine qui précède le Mawlid Ennabaoui», a indiqué à l'APS un jeune vendeur.«On trouve ici la marchandise qui n'a pas été écoulée l'année dernière, comme on trouve de nouveaux arrivages», a-t-il ajouté.Les étals sont bien achalandés. Aux imprononçables marques asiatiques, chinoises tout particulièrement, les revendeurs et leurs clients ont «labellisé» les produits par des noms «conventionnels» bien propres à eux. Il ne s'agit alors pour eux que de «margaza», «chitana», «zidane», «messi» et cela bien sûr en fonction de la force de déflagration et de la portée de ces produits pyrotechniques.La fourchette des prix est très large, a-t-on relevé. Cela va de 200 DA à 1700 DA en moyenne, en fonction de la nature du produit et de la consistance de chaque paquetage. Un paquet de «chitana», de 40 pièces chacune, revient au prix de gros, entre 500 et 520 DA. «zidane» (un paquetage de dix unités) est proposé à 750 DA. Les petits pétards ordinaires coûtent dix dinars l'unité, ils ne sont cédés qu'en paquets de 70 à 100 unités.A la rue Ali Amar de la Basse-Casbah, «double-bombe» est le pétard le plus demandé. «C'est le produit le plus préféré des fêtards parce que quand il explose, on n'a l'impression qu'il s'agit d'une vrai bombe. Il peut démolir un immeuble!», a-t-on imaginé, avec exagération.«Double-bombe» est présenté dans les étals à 500 DA le paquet de 12 pétards. Plusieurs trabendistes ont déjà épuisé leur stock de «double-bombe», dont les approvisionnements se font au quotidien, a-t-on noté. «Tous les produits vendus ici sont revendus au double au minimum dans les autres quartiers de la capitale et les autres villes du centre du pays, comme Tizi Ouzou, Boumerdès et Médéa», a expliqué le même vendeur. Les tarifs, a-t-il ajouté, augmentent davantage si ceux qui achètent les pétards en quantité dans la vieille ville d'Alger se transforment eux-mêmes en demi-grossistes dans leurs propres quartiers.Dans les autres cités de la capitale, les revendeurs au détail de ces engins explosifs commencent à proliférer, a-t-on relevé.L'utilisation des pétards a déjà commencé et s'est accentuée depuis deux semaines dans les rues de la première ville du pays, et elle s'intensifiera à mesure que l'on se rapproche du jour de la célébration de cette fête religieuse. A Alger-Centre, des scènes animées par des enfants qui prenaient plaisir à se lancer des petits pétards, alors que des passants affichaient leur irritation face à un tel spectacle qui n'est pas sans danger. Conscients de l'illégalité de leur activité, ces «commerçants» occasionnels ont, toutefois, assuré, qu'ils n'étaient pas «inquiétés», ni pour cause de vente de ces produits ni pour le squatt de la chaussée, la rue Ali Amar étant quasiment fermée à la circulation automobile dans la journée, à cause de ces indus occupants.«Tant qu'il y aura des acheteurs, nous continuerons à vendre les pétards», a insisté un jeune revendeur. Pour lui comme pour les autres étalagistes, le circuit d'approvisionnement en marchandises relève du «secret professionnel». A ne pas divulguer. Mais dans les discussions en groupe ou dans des conversations téléphoniques, un mot indicateur revient à chaque fois : «le port».En effet, les trabendistes des pétards de La Casbah disaient ne pas manquer d'approvisionnement, malgré les saisies de ces marchandises effectuées par les Douanes au port d'Alger.Près de 275 tonnes de produits pyrotechniques ont été, en effet, saisies par les services de contrôle de la Direction régionale des douanes du port d'Alger, au cours du mois de janvier 2012.Les pétards sont généralement importés de Chine avec des registres du commerce empruntés et sont souvent dissimulés dans des conteneurs de marchandises, objets de fausses déclarations, d'après les explications de professionnels du transit maritime. Selon les estimations des douanes, pour un conteneur de «pétards» d'une valeur de 2 millions de dinars, les profits réalisés peuvent atteindre les 28 millions de dinars. «Il y a eu toujours des saisies de pétards au port d'Alger. Cela n'a jamais empêché leur vente aussi bien à La Casbah qu'ailleurs», a réagi un habitué de cette activité illicite. Par ailleurs, il reste que, parfois, la fête du Mawlid Ennabaoui est synonyme de drames. A ce propos, l'utilisation des pétards met en danger la vie des gens, car ils peuvent notamment provoquer des incendies, des brûlures et de la pollution sonore. Pour que «la fête ne finisse pas à l'hôpital» et ce à la veille de la célébration du Mawlid Ennabaoui, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a mis en garde les citoyens contre le danger que présente l'utilisation de ces produits, les invitant à être «vigilants et attentifs».